Après les émeutes, faut-il dénoncer les fauteurs de troubles ? À cette question, le maire de Saint-Gratien dans le Val-d'Oise, lui, a trouvé la réponse. Il a demandé à ses administrés les noms de ceux qui ont détruit les équipements publics de la ville sous peine de ne pas les reconstruire. Un appel à la délation qui a bien sûr fait réagir dans la commune.
Qui se cache derrière les silhouettes des vidéos de violences urbaines ? C'est ce que le maire de Saint-Gratien cherche à savoir en demandant à ses habitants de dénoncer leurs voisins.
Au marché de la ville, c'est le sujet dont tout le monde parle. "Cela me rappelle une mauvaise période, ça me rappelle la période de la guerre" réagit un client, "si j'en connaissais un, je ne crois pas que je le dénoncerais" affirme un autre, "il me semble qu'en ce moment, il y a des comparutions immédiates dans les différents tribunaux donc il ne faudrait pas confondre les différentes instances. Il y a la justice et il y a la municipalité de Saint-Gratien" ajoute une troisième habitante.
Une lettre mal reçue
C'est via une lettre que Julien Bachard, maire LR, a lancé la polémique. Le document a été uniquement adressé aux habitants des Raguenets, un quartier populaire de 5 000 habitants où le centre culturel a brûlé. Pour l'opposition, la forme pose problème et notamment cette phrase :
"Il y a quand même une considération de dire "ces parents-là font moins le job que d'autres parents sur le reste de la ville" et ça, je trouve que c'est déjà un mauvais signal qui est envoyé dans un quartier où, lorsque j'étais candidat aux élections municipales en 2020, le message qui m'était affirmé c'était : on ne s'occupe pas de nous" se souvient Emmanuel Mikael, conseiller municipal d'opposition MoDem à Saint-Gratien.
L'association des maires d'Île-de-France (AMIF) n'approuve pas la méthode mais veut rappeler que les élus de proximité sont aussi humains, pris pour cibles et démunis "mais comme les policiers, les gendarmes, les enseignants, les médecins (...) on n'est pas un cas à part malheureusement et, c'est vrai que quand vous avez une situation, quand vous avez des collègues qui sont à bout et bien ça peut provoquer ceux qui sont aussi parfois des suréactions" justifie Jean-Philippe Dugoin-Clément, secrétaire général adjoint de l'AMIF et maire UDI de Mennecy.
Évoquant des difficultés financières, le maire refuse pour l'instant de s'engager sur une rénovation du centre culturel tant que les coupables ne seront pas retrouvés. Il n'a pas souhaité répondre à nos questions.
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