Le forain Marcel Campion a suscité un tollé après la publication d'une vidéo samedi 22 septembre dans lequel il tient des propos homophobes envers des responsables gays de la mairie de Paris dont Bruno Julliard. Il a annoncé qu'il porterait plainte.
Dans cette vidéo datant de janvier et publiée par le Journal du dimanche, le meilleur ennemi de la maire de Paris, Anne Hidalgo, s'en prend violemment à M. Julliard, homosexuel déclaré, qui vient de démissionner de ses fonctions de premier adjoint.
"Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré (l'ancien maire de Paris, Bertrand) Delanoë, ils ont fait leur folie ensemble et paf, il est premier adjoint. Et avec Anne Hidalgo, il est super parce qu'en même temps il lui a amené tous les homos de la terre. C'est à dire que toute la ville maintenant est gouvernée par des homos", a déclaré M. Campion, 78 ans, lors de cette réunion qui a eu lieu, selon le JDD, le 27 janvier à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
"Moi, j'ai rien contre les homos, d'habitude, je dis les 'pédés'. Mais on m'a dit hier qu'il fallait plus que je dise ça. Donc je ne dis plus les pédés, je dis les homos. J'ai rien contre eux, sauf qu'ils sont un peu pervers", a ajouté le forain.
Dépôt de plainte
Dénonçant des "propos abjects", Bruno Julliard a annoncé qu'il allait "déposer plainte". "Il ne faut pas laisser passer ça", a-t-il affirmé à l'AFP, se déclarant "pas très surpris venant de ce personnage".Plusieurs responsables politiques ont condamné les propos de M. Campion. La maire de Paris a relayé un tweet de son nouveau premier adjoint Emmanuel Grégoire dénonçant des "délires paranoïaques et homophobes".
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit "atterré" et aussi "très troublé par les justifications" du député LREM, Joachim Son-Forget, qui a évoqué une simple "maladresse".Christophe Castaner, délégué général d'LREM et secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, s'est également vu reprocher par l'opposition un tweet dans lequel il affirme que si Marcel Campion "pense avoir été mal compris", il "doit le dire et s'excuser de la violence de ses mots".
"On hallucine. Depuis quand suffit-il de s'excuser quand on a commis un délit ?", s'est indigné Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris.
"Pas homophobe"
Ceux-ci "ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout !", a estimé pour sa part le nouveau patron des députés LREM Gilles Le Gendre.Marcel Campion a assuré à l'AFP qu'il était "tout sauf un homophobe". "Si le mot 'pédé' que j'ai dit une fois ou deux a pu déranger certaines personnes je m'en excuse, je suis d'une génération où on disait ces mots-là mais je ne suis pas homophobe", a-t-il déclaré.
Le célèbre forain, en guerre ouverte avec Mme Hidalgo, a évoqué "des propos un peu sortis de leur contexte dans un mouvement de colère" après avoir "été éliminé du marché de Noël et de la grande roue par M. Julliard", suite à la non-reconduction de ces deux contrats par la Ville de Paris."Le mot pervers je ne l'ai pas utilisé pour les pédés. J'ai dit que c'étaient des pervers parce qu'ils se servaient de leur statut d'élus pour essayer de faire des affaires et nous foutre dehors", a-t-il ajouté, précisant que la réunion avait eu lieu "chez moi, dans mon petit café devant une quinzaine de personnes".
"Que les choses soient claires, il n'y a pour moi aucun lien entre le fait que Bruno Julliard soit gay, ou que certains de ses amis le soient, et la politique anti-forain qu'il a mis en place. Il l'a fait avec rouerie -j'ai dit avec perversité !- mais cette politique aurait naturellement être pu mise en œuvre par quiconque comme lui voulait chasser les forains de Paris", a-t-il ensuite ajouté dans un communiqué transmis par son avocate à l'AFP.
La vidéo a été publiée par le JDD le 23 septembre. Elle aurait été tournée lors d'une réunion au domicile du forain à Saint-Ouen, le 27 janvier 2018.