Ils ont manifesté ce matin devant la sous-préfecture d'Argenteuil. Les parents d'élèves protestent contre le manque criant d'AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap). La pénurie est telle que certains enfants ne peuvent pas suivre tous les cours.
Mélina, sept ans, est en CP. Autiste, elle n'a pas de retard intellectuel mais des troubles du comportement qui l'empêchent d'apprendre sans un adulte à ses côtés. C'est sa mère qui lui fait cours plus de la moitié du temps car à l'école il n'y a pas assez d'accompagnants d'élèves en situation de handicap. "Lorsque son AESH est en arrêt maladie (...) il n'y a pas de remplacement donc du coup Mélina reste à la maison et c'est ce qu'il se passe, là maintenant, par exemple, depuis deux semaines." explique la mère de la jeune fille.
Dans son école à Argenteuil, douze autres élèves ont besoin d'une AESH en classe mais ils doivent se les partager, au grand désespoir des parents qui remarquent que leur enfant est accompagné sur un temps très partiel. Les parents de Liam, sept ans lui aussi et en situation de handicap, rapportent qu'en général il "a l'AESH de 8h30 jusqu'à la récréation et après c'est la maîtresse qui s'occupe de lui. Sachant qu'ils sont trois en situation de handicap dans la même classe".
Dans un autre groupe scolaire, à Herblay-sur-Seine, comme à Argenteuil, les heures d'enseignement sont limitées faute de personnel disponible. Une situation compliquée pour les enseignants, Nathalie Sollier est professeure des écoles et déléguée du personnel SNUIPP-FSU 95, elle se sent parfois dépassée : "il y a des enfants qui vont mordre, qui vont taper donc il faut expliquer qu'on a pas le droit mais un enfant qui a un handicap il ne va pas forcément le comprendre tout de suite donc ça met du temps donc il y a des enfants qu'on ne peut pas avoir dans la classe sans AESH, ce n'est pas possible. Notre métier s'est profondément transformé à cause de ça." regrette-t-elle.
"90% des enfants qui en ont besoin ont un AESH" estime l'inspection académique du Val d'Oise qui refuse néanmoins toute interview sur le sujet.
À Argenteuil les parents se mobilisent pour demander plus d'AESH. Un métier précaire et mal payé, ce qui rend les recrutements très compliqués.
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