Une enquête a été ouverte après la destruction d'un campement de Roms dans un bois à Villeron par des habitants de la commune. Le collectif Romeurope dénonce une "injustice" et des "actes racistes".
Planches de bois sur le sol, déchets, bris de verre… À Villeron (Val-d'Oise), des habitants continuent de nettoyer le bois plusieurs jours après le rassemblement organisé dimanche après-midi. La manifestation a réuni plus d'une centaine de personnes, aidées de la municipalité, contre l'installation depuis octobre d'une dizaine de familles Roms, selon la gendarmerie du Val-d'Oise.
"Des gens ont été vindicatifs à l'égard des Roms qui ont dû partir devant les invectives de la foule", raconte à l'AFP le commandant du groupement de gendarmerie du Val-d'Oise Quentin Petit, précisant que le maire de Villeron Dominique Kudla (SE) était sur place lors de la manifestation déclarée. Suite au départ de la soixantaine de Roms, "un certain nombre d'individus ont procédé à la destruction des cabanes construites de manière illégale", indique le colonel Quentin Petit. Le maire de Villeron a fait intervenir une pelleteuse pour détruire le camp.
Une enquête a été ouverte par le groupement de gendarmerie du Val-d'Oise, sous la direction du parquet de Pontoise, confirme le parquet. L’affaire a été confiée à la brigade de recherche de l'Isle-Adam. L’enquête "vise à préciser le déroulement des faits", déterminer "le rôle des différentes personnes" et "s'il y a eu ou non des violences aux personnes ainsi que des dégradations de biens", précise le parquet.
Il ne s'agit "pas de pratiques souhaitables dans le département", a réagi lundi le préfet du Val-d'Oise Philippe Court, à l'occasion d'un point presse.
"Dès qu’ils sont partis avec leurs camions, on est rentrés pour les empêcher de revenir"
De son côté, Dominique Kudla (SE), le maire de Villeron, défend les manifestants. "Les Roms sont là depuis plus de quatre mois, personne ne fait rien, il faut attendre les décisions de justice... A un moment donné, il faut bien prendre le taureau par les cornes", affirme l’édile.
"Mes citoyens sont des gens responsables. Ils ont fait en sorte que les Roms partent dans le calme, contrairement à ce que certains ont pu croire. Et ils continuent la démarche en nettoyant, alors que ce n’est pas eux qui ont sali. On va remettre en état ce que des gens marginaux ont pu souiller", déclare l'élu.
"Regardez ce que la forêt est devenue, c’est horrible… Dimanche, c’était une manifestation pacifique, affirme par ailleurs Siham, une habitante. Il y avait la gendarmerie. On a crié pour leur dire qu’on voulait qu’ils partent. Dès qu’ils sont partis avec leurs camions, on est rentrés pour les empêcher de revenir. Mais en aucun cas on a été violents."
"Des actes discriminatoires, racistes"
Les familles de Roms parties sous les huées dimanche se sont depuis installées ailleurs. Certaines d’entre elles veulent porter plainte contre X, avec le soutien du collectif Romeurope. Liliana Hristache, du collectif, dénonce "des actes discriminatoires, racistes".
"Les familles considèrent que c'est la Ville de Villeron qui a incité et mobilisé les habitants à procéder à cette évacuation inattendue, explique-t-elle. Les familles sont dans une grande précarité, elles vivaient là calmement, pacifiquement. C’est une injustice."
Une procédure d'expulsion était en cours devant le tribunal administratif de Pontoise, indique la communauté d'agglomération Roissy Pays de France, propriétaire du terrain. La communauté d'agglomération précise "ne pas cautionner" les violences.
Avec Tania Watine, Maila Mendy