Essonne : cafards et moisissures, à la résidence de la Pacaterie, des étudiants obligés de vivre dans l'insalubrité

A Orsay, sur les bords de l'Yvette, les étudiants de la Pacaterie, une résidence appartenant au CROUS de Versailles, font face à des problèmes sanitaires majeurs. Nuisibles, infiltrations d'eau et délabrements font partie de leur quotidien.

Pour éviter la prolifération des nuisibles, Suleyman n'a pas eu d'autres choix que d'entasser ses affaires dans des sacs poubelles laissés trois à quatre jours au congélateur, avant un dernier passage en machine. Une condition imposée par sa nouvelle résidence CROUS, qu'il rejoint, soulagé. Depuis plusieurs mois, l'étudiant vivait à la Pacaterie, une résidence universitaire construite en 1965, où les cafards et les punaises de lit prolifèrent parmi la moisissure et les problèmes d'isolation.

Pour Souleyman, partir de cette résidence située au sein du campus de l'université Paris-Sud devenait donc urgent. "J'ai décidé de quitter la résidence car je ne dormais plus que deux à trois heures par nuit et j'étais réveillé toutes les quinze minutes soit par une punaise, soit par des bruits, ou à cause des cafards. Je me suis dit que ce n'était plus viable, et qu'il valait mieux changer de résidence quitte à payer plus cher", explique-t-il aux journalistes de France 3. Car ici le loyer s'élève à 158 euros par mois toutes charges comprises, des prix en-dessous du reste des résidences CROUS.

"On se rend compte qu'il y a des problèmes dans chaque chambre" 

Insalubres et vétustes, les locaux situés à Orsay sont depuis quelques temps pointés du doigt par les étudiants. Yuliia, une étudiante arrivée d'Ukraine en septembre, rencontre des problèmes similaires. "Depuis le mois de septembre j'ai des cafards [dans ma chambre], parfois j'en tue sept par jour", confie-t-elle. "J'ai aussi des punaises de lit, j'ai envoyé un mail à la résidence, mais ils m'ont répondu qu'après leur passage, ils n'avaient rien trouvé". Et pourtant comme Souleyman, la jeune femme a de nombreuses piqures sur le corps. Malgré les deux opérations de désinsectisation récentes, elle constate encore la présence des nuisibles.

Les problèmes d'insalubrité et de vétusté ne s'arrêtent pas là. L'isolation thermique et les infiltrations d'eau rendent également le quotidien des étudiants très difficile. Maël, lui, a intégré l'une des 309 chambres de la résidence en septembre.

Dans la chambre d'un camarade, il y a des câbles électriques qui tombent donc, c'est aussi un problème de sécurité.

Maël, résident à la Pacaterie

Son étage a été rénové cet été, mais malgré cela, sa chambre n'est pas aux normes. Pour lui, la présence des nuisibles n'est pas le seul souci: "Quand on discute entre nous, on se rend compte qu'il y a des problèmes dans chaque chambre. Au-delà des cafards, il y a des problèmes d'isolation. Dans ma chambre, il manque un morceau de fenêtre et ma porte ne se ferme pas correctement, donc il y a un courant d'air. Dans la chambre d'un camarade, il y a des câbles électriques qui tombent donc c'est aussi un problème de sécurité."

"Un minimum de dignité à offrir à nos jeunes"

Il y a quelques jours, la députée NUPES de Seine-Saint-Denis, Fatiha Keloua Hachi était en visite dans les locaux. Depuis, elle appelle à la fermeture immédiate de la résidence.

"Il faut réfléchir ensuite soit à une rénovation et une réhabilitation, soit à une destruction et à une reconstruction à l'identique, c'est au CROUS de voir selon les moyens financiers, assure-t-elle. Et de poursuivre, "je crois qu'il y a quand même un minimum de dignité à offrir à nos jeunes."

Une "rénovation d'ensemble" à l'horizon

Une situation connue du CROUS de Versailles, en charge de la résidence de la Pacaterie. Dans un courriel, l'organisme qui s'occupe de l'hébergement des étudiants donne plusieurs raisons à l'insalubrité des lieux. "Le bâtiment est confronté à un problème d’humidité lié à son âge, à sa localisation (milieu boisé) et aux méthodes de construction utilisées à l’origine." Un problème qui s'est fortement accentué depuis septembre 2022 malgré les 125 000 euros de travaux dépensés cette année-là pour la rénovation, soit un dixième des "dépenses annuelles consacrées par le Crous de Versailles à l’entretien courant des résidences", affirme le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires de Versailles.

Quant à la présence des cafards et des punaises de lit, le CROUS met en cause l'entreprise prestataire pour "son manque d'efficacité". Ils saluent toutefois des progrès depuis leur dernière intervention le 31 janvie dernier. Une nouvelle opération de fumigation devrait d'ailleurs avoir lieu ce mardi 7 février. "Ces traitements seront réitérés jusqu’à disparition des nuisibles", précise le CROUS. 

Enfin, le CROUS assure que "tous les étudiants logés dont des chambres dont l’état s’est fortement dégradé en raison des infiltrations d’humidité ont été relogés ou le seront à brève échéance".

"Une restructuration et une rénovation d'ensemble" devraient avoir lieu dans les prochaines années. Le début des travaux est prévu pour l'été 2024, à l'image de la quinzaine de résidences déjà rénovées et pour lesquelles le CROUS dit investir massivement. A titre d'exemple, entre 2019 et 2021, 35 millions d'euros ont été consacrés à des projets de réhabilitation et plus de 300 places dans des "résidences neuves ou issues de réhabilitations lourdes" devraient ouvrir cette année. La mise en œuvre de la réfection de la Pacaterie devrait quant à elle "associer les étudiants" et des recherches de fonds sont en cours, selon le CROUS. En attendant, les cafards dansent et les étudiants s'en vont. 

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