La ville d'Argenteuil a rendu hommage à Rino Della Negra, un footballeur du Red Star devenu résistant durant la Seconde guerre mondiale. Ce jeune sportif d'origine italienne, né en France, paya de sa vie son engagement antifasciste. Il meurt fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 aux côtés du groupe Manouchian.
Dans l'équipe du Red Star des années 40, il est une étoile filante. Rino Della Negra, sept matchs seulement à Saint-Ouen et pourtant un nom inoubliable. De lui, à Argenteuil; il reste une rue, une salle et une stèle. Souvenirs d'un ailier hors-pair, rapide comme l'éclair mais dont le destin de sportif se brise à 20 ans.
Rino grandi dans la banlieue rouge entouré d'Italiens qui ont fui Mussolini et d'amis qui ont combattu Franco. Alors quand il est réquisitionné pour travailler en Allemagne, il dit "non". Il devient clandestin et résistant auprès des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - main-d'œuvre immigrée), des communistes étrangers qui combattent pour la France.
Un combattant chevronné
Rino Della Negra compte à son actif une quinzaine d'actions armées : "on a des attentats contre l'armée allemande, on a des actions armées contre leurs collaborateurs français ou italiens. Rino va participer à un acte très symbolique pour lui, qui est d'origine italienne, (...) à l'attaque du siège du parti fasciste italien en France rue Sédillot" raconte Dimitri Manessis, historien et auteur du livre Rino Della Negra, footballeur et partisan.
Star du ballon rond le jour, combattant pour la liberté la nuit, Rino Della Negra mène cette double-vie durant plusieurs mois sans jamais être repéré. Pour l'historien, "Rino c'est vraiment l'histoire d'un paradoxe, c'est celui d'un jeune homme qui est clandestin, qui est partisan, qui combat les armes à la main et qui, dans le même temps, alors qu'il est recherché pour avoir fui le STO (Service de Travail Obligatoire) est recruté sous son vrai nom et joue sous les couleurs de différents club et notamment de son ultime club, le Red Star". Mais en novembre 1943, il se fait arrêter et sera fusillé au Mont Valérien aux côtés de ses camarades résistants.
Ce qui m'a fait mal c'est que malgré tout, c'était un Italien et il défendait la France. Alors ça, je l'ai toujours sur le cœur.
Léon Foenkinos, ancien coéquipier de Rino Della Negra, 2004
Dans deux ans une tribune portera son nom, fruit du travail sans relâche des supporters du Red Star dont Rino est devenu le symbole.
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