Procès des attentats du 13-Novembre : accusés, magistrats et avocats. Qui sont les acteurs de ce procès ?

La cour, les accusés, les parties civiles, les avocats… Voici les principaux protagonistes de ce procès historique qui s’ouvre à Paris ce mercredi 8 septembre au palais de Justice sur l’Île de la Cité.

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Le procès s'ouvre ce mercredi devant la cour d'assises spéciale de Paris. Vingt personnes vont y être jugées. Quatorze d'entre-elles prendront place dans le box des accusés. Onze sont détenues, trois comparaîtront libres et les six autres, dont cinq présumés morts, seront jugées par défaut.

Vingt accusés

Salah Abdeslam

Né le 15 septembre 1989 à Bruxelles, le Franco-Marocain Salah Abdeslam, 31 ans, est l'unique survivant des commandos du 13-Novembre. Salah Abdeslam est un ancien petit délinquant et fêtard, devenu jihadiste sur le tard. Membre de l'équipe des "terrasses", son frère aîné Brahim est mort en se faisant exploser au Comptoir Voltaire. Salah Abdeslam a, lui, abandonné sa ceinture d'explosifs dans la soirée pour des raisons qui restent encore inconnues.

Va-t-il parler devant la cour et les victimes des attentats ? Cette question est la grande inconnue de ce procès. Il a presque systématiquement gardé le silence face aux juges ou lors de son procès à Bruxelles en 2018, où il a été condamné à vingt ans de prison pour avoir tiré sur des policiers quelques jours avant son interpellation en Belgique le 18 mars 2016.

Salah Abdeslam doit encore être jugé en Belgique - probablement fin 2022 - pour le double attentat qui a fait 32 morts en mars 2016 à l'aéroport et dans un métro de Bruxelles. Il était proche d'Abdelhamid Abaaoud (un de ses amis d'enfance), coordinateur de plusieurs attentats en Europe et chef opérationnel des commandos du 13-Novembre.

Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau"

Né le 27 décembre 1984, ce Belgo-Marocain de 36 ans est jugé pour avoir accompagné en région parisienne les commandos du 13-Novembre et participé à leur financement et à la fourniture de leurs armes. Cet ami d'enfance des frères Abdeslam a été arrêté à Bruxelles en avril 2016. Il est détenu en Belgique depuis cette date et a été transféré en France pour le procès.

Il doit lui aussi être jugé en Belgique pour le double attentat-suicide de mars 2016 à Bruxelles. Des images de vidéosurveillance de l'aéroport de Zaventem avec deux des kamikazes qui s'y sont fait exploser lui ont valu le surnom de "l'homme au chapeau".

Mohammed Amri 

Né le 7 août 1988, Mohammed Amri, 33 ans, un Belgo-Marocain proche des frères Abdeslam, a reconnu être allé chercher Salah Abdeslam en voiture le soir des attentats pour le ramener en Belgique, en sachant qu'il était impliqué dans les attentats. Interpellé en Belgique le 14 novembre, il a été extradé en juillet 2016 en France, où il est incarcéré depuis cette date.

Hamza Attou 

Né le 4 mai 1994, Hamza Attou, un Belgo-Marocain de 27 ans, a été interpellé en Belgique au lendemain des attentats parisiens. Il avait accompagné Mohammed Amri pour aller chercher Salah Abdeslam de Paris. Remis à la France en juin 2016, il a été incarcéré avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2018.

Yassine Atar 

Né le 11 juillet 1986, ce Belgo-Marocain de 35 ans est soupçonné d'avoir détenu une clé de la planque bruxelloise où s'est réfugié Salah Abdeslam après les attentats. C'est également dans cette planque qu'ont été fabriquées les ceintures explosives utilisées à Paris. Interpellé à Bruxelles en mars 2016, il a été extradé en juin 2018 en France, où il est incarcéré. Il est le frère cadet d'Oussama Atar, une homme que les enquêteurs considèrent comme l'un des coordinateurs des attentats de Paris et de Bruxelles, depuis la Syrie.

Sofien Ayari 

Tunisien né le 9 août 1993, Sofien Ayari, 28 ans, a été le compagnon de cavale de Salah Abdeslam en Belgique. Ayant rejoint le groupe Etat islamique en Syrie fin 2014, il est revenu en Europe en 2015. Interpellé à Bruxelles en même temps que Salah Abdeslam en mars 2016, il a déjà été condamné à une peine de vingt ans de réclusion en Belgique pour avoir tiré sur un policier. Son ADN a été retrouvé dans plusieurs planques ayant servi à la préparation des attentats du 13-Novembre.

Osama Krayem 

De nationalité suédoise, Osama Krayem, 29 ans, né le 16 août 1992, a rejoint la Syrie en 2014 puis regagné l'Europe par la route des migrants. Comme Sofien Ayari, il a été un compagnon de cavale de Salah Abdeslam à Bruxelles après les attentas du 13-Novembre.

Mohamed Bakkali 

Considéré comme un des logisticiens du commando, Mohamed Bakkali est accusé d'avoir loué des voitures en vue des attentats. Détenu en France depuis 2018, ce Belgo-Marocain de 34 ans, né le 10 avril 1987, est également poursuivi pour la location, sous une fausse identité, de planques pour la cellule jihadiste de Bruxelles.

Ali El Haddad Asufi 

Ce Belgo-Marocain, 36 ans, né le 23 septembre 1984 était en contact régulier avec les membres de la cellule jihadiste franco-belge. Il est accusé d'avoir participé à la fourniture d'armes. Il est en détention depuis juin 2019.

Adel Haddadi et Muhammad Usman 

Adel Haddadi, 34 ans, un Algérien né le 17 juillet 1987, et Muhammad Usman, 28 ans, un Pakistanais né le 15 mai 1993, ont été interpellés en décembre 2015, un mois après les attentats, dans un foyer de migrants en Autriche. Les deux hommes ont quitté la Syrie et rejoint l'Europe par la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat en France. Ils sont détenus en France depuis juin 2016.

Farid Kharkhach 

Belgo-Marocain, 39 ans, né le 4 juillet 1982, Farid Kharkhach est accusé d'avoir fourni des faux papiers à la cellule à la demande de Khalid El Bakraoui, un des auteurs des attentats de Bruxelles. Interpellé en Belgique en janvier 2017, il est détenu en France depuis juin 2017.

Ali Oulkadi 

Proche de Brahim Abdeslam, ce Français de 37 ans, né le 9 juillet 1984, est soupçonné d'avoir aidé Salah Abdeslam à se cacher à son arrivée à Bruxelles le 14 novembre, mais a toujours nié avoir été au courant du projet terroriste de la cellule. Interpellé en Belgique le 22 novembre 2015 et remis à la France en avril 2016, il a été incarcéré avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin 2018.

Abdellah Chouaa 

Ce Belgo-Marocain de 40 ans, né le 30 mars 1981, est soupçonné d'avoir apporté un soutien logistique à la cellule ayant préparé les attentats. Fils d'un imam du quartier bruxellois de Molenbeek, il a été laissé libre sous contrôle judiciaire.

 

►Les accusés jugés en leur absence

Oussama Atar 

Né le 4 mai 1984, Oussama Atar est un vétéran du jihad identifié sous le nom de guerre d'"Abou Ahmed al-Iraki". Il est considéré comme l'un des responsables de la branche renseignement du groupe Etat islamique (EI). Selon les magistrats français, ce Belgo-Marocain est l'ordonnateur des attentats parisiens. Jamais interpellé, il aurait été tué par une frappe occidentale en zone irako-syrienne en novembre 2017.

Ahmad Alkhald 

Ahmad Alkhald, nom d'emprunt derrière lequel se cache le Syrien Omar Darif (dont la date et le lieu de naissance demeurent inconnus), est considéré comme le seul acteur majeur des commandos du 13-Novembre encore en fuite. Son ADN a été retrouvé sur des ceintures explosives utilisées à Paris. Pour les enquêteurs, il était l'un des principaux artificiers de l'EI.

Fabien et Jean-Michel Clain 

Figures du "jihad" français, ces deux frères toulousains auraient été tués en février ou mars 2019 dans une frappe aérienne en Syrie. Fabien Clain a été identifié comme l'homme qui a enregistré le message audio revendiquant les attentats du 13-Novembre et dans lequel son frère Jean-Michel psalmodiait des chants religieux.

Ahmed Dahmani 

Ce Belgo-Marocain, 32 ans, né le 13 avril 1989 et originaire de Molenbeek comme son ami Salah Abdeslam, est soupçonné d'être un logisticien de la cellule jihadiste ayant préparé les attentats. Ce petit délinquant radicalisé s'était enfui le 14 novembre 2015 en Turquie, où il a été condamné en 2016 à dix ans de prison et écroué. Il y est toujours emprisonné.

Obeida Aref Dibo 

Dit Abou Walid Al-Souri, ce Syrien était un cadre de la cellule des opérations extérieures de l'EI, proche d'Ahmad Alkhad. Cousin d'hommes impliqués dans la fuite de Ahmed Dahmani, il serait mort dans un bombardement en février 2016.

Douze des vingt accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Trois accusés, contre lesquels pèsent les charges les moins lourdes, comparaîtront libres sous contrôle judiciaire.

La cour

La cour d'assises spéciale est présidée par Jean-Louis Périès. Ce sera son dernier procès avant la retraite. Un défi pour ce magistrat de 65 ans. Jean-Louis Périès s'y prépare depuis près d'un an et demi. Le dossier est titanesque avec plus de 500 tomes et les 1800 parties civiles. Il lui faudra tenir les débats pendant près de neuf mois, une durée inédite pour une procédure criminelle.

Il sera entouré de la première assesseure Frédérique Aline et la magistrate honoraire Xavière Simeoni. Quatre magistrats supplémentaires assisteront aux débats et suppléeront les membres de la cour en cas de défaillance.

Le parquet

Trois avocats généraux représentent l'accusation, Camille Hennetier, Nicolas Le Bris et Nicolas Braconnay. Ils sont issus du parquet national antiterroriste (Pnat).

Les parties civiles et leurs avocats

Au total 330 avocats vont venir plaider. Ceux des 1800 parties civiles, les rescapés, les victimes, les associations de victimes d’attentats comme Life for Paris ou la Fenvac et ceux de la défense.

Olivia Ronen sait qu' à l'ouverture de l'audience, c'est vers son client que tous les regards se tourneront : Salah Abdeslam. Profil bien éloigné du médiatique ténor du barreau de Lille Frank Berton, un temps l'avocat de Salah Abdeslam, Olivia Ronen a été officiellement désignée en novembre dernier.

Elle a prêté serment en 2016 et a été élue secrétaire de la conférence - ces jeunes avocats du barreau de Paris élus pour un an à l'issue d'un concours d'éloquence pour, notamment, être commis d'office dans les dossiers d'assises. Elle a fait appel à un confrère de sa génération pour l'aider à assurer la défense de Salah Abdeslam : Martin Vettes.

Les parties civiles sont au nombre de 1800 mais ce nombre peut encore évoluer dans les deux prochains jours.

 

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