Qui est le tireur du Thalys ?

Il nie toute visée terroriste mais aurait été signalé comme islamiste radical et serait parti en Syrie: les enquêteurs tentaient samedi d'en savoir plus sur l'homme lourdement armé qui a été maîtrisé par des passagers vendredi dans un train Amsterdam-Paris, évitant un carnage.

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Si son identité se confirme, ce Marocain, qui fêtera ses 26 ans le 3 septembre, a vécu en 2013 et jusqu'en mars 2014 à Algesiras, en Andalousie (sud de l'Espagne), où il était connu pour trafic de drogue, selon une source des services antiterroristes espagnols.

Transféré samedi matin d'Arras jusqu'aux locaux de l'antiterrorisme en région parisienne, le suspect avait été signalé en février 2014 par les services espagnols à leurs confrères français "du fait de son appartenance à la mouvance islamiste radicale", a précisé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Plus d'un an plus tard, le 10 mai 2015, il était localisé à Berlin, où il embarquait pour la Turquie, selon une source proche des renseignements français, qui disent alors avoir appris des Espagnols que cet homme était désormais installé en Belgique. Mais selon les services antiterroristes espagnols, le suspect serait en fait parti de France pour se rendre en Syrie et serait ensuite revenu dans l'Hexagone.

Un solitaire "déterminé", plus ou moins préparé

Des motivations encore inconnues, mais un homme kalachnikov à la main mis à terre de justesse par deux citoyens: le carnage évité du Thalys porte la signature d'un acte terroriste opéré par un solitaire "déterminé", un profil discret mais vulnérable face aux imprévus, estiment des experts du terrorisme.

Armement lourd, des liens avec la mouvance islamiste radicale, un possible passage en Syrie: "plusieurs indices" tendent à montrer que celui qui a ouvert le feu vendredi dans le train Amsterdam-Paris avant d'être interpellé en gare d'Arras, projetait "une attaque terroriste", estime Jean-Charles Brisard, expert des questions liées au terrorisme. Le spécialiste entend toutefois "rester prudent sur ses motivations".

Transféré samedi matin d'Arras à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), au siège de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la DGSI, le suspect qui a commencé à parler nie toute implication terroriste. A ce stade, l'enquête ne permet pas de dire si le suspect "connaissait le maniement des armes", mais sa présence dans un train de voyageurs "montre en tout cas une détermination et une préparation" dans son projet, selon M. Brisard.

Un possible carnage a certainement été évité grâce à des voyageurs, dont deux militaires américains, qui ont maîtrisé le suspect. "La démonstration est faite que la cible du train est particulièrement mal choisie, compte tenu des risques de se faire repérer", juge au contraire Alain Bauer, professeur en criminologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), soulignant une forme d'amateurisme
dans la démarche du suspect.

Neuf chargeurs

Vendredi, l'homme est monté dans le Thalys 9364 à Bruxelles. Armé d'un fusil d'assaut kalachnikov avec neuf chargeurs, d'un pistolet automatique Luger et d'un cutter, il a ouvert le feu à 17h50, peu après le passage de la frontière française.

Un premier voyageur français, âgé de 28 ans et employé dans une banque aux Pays-Bas, a tenté de le désarmer alors qu'il sortait des toilettes. Le suspect a réussi à lui échapper et "plusieurs coups de feu" ont été tirés, une balle atteignant un passager, de nationalité franco-américaine, qui était assis "sur son siège", selon Bernard Cazeneuve.

Un groupe composé d'Américains en vacances, dont deux militaires, et d'un sexagénaire britannique, est alors intervenu, réussissant à le maîtriser. Le courage de ces hommes, dont l'un a été blessé, a été salué par le président Barack Obama et François Hollande qui les recevra tous à l'Elysée "dans les prochains jours".

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