Après la facture téléphonique exorbitante d'un délégué FSU, les révélations sur un syndicaliste CGT "fantôme" rémunéré par l'Opéra de Paris témoignent d'un climat exacerbé à l'approche des élections professionnelles prévues en février prochain.
Le quotidien Le Parisien a révélé lundi que l'Opéra de Paris versait 40.000 euros par an au syndicat Synptac-CGT pour indemniser un syndicaliste inconnu de l'établissement public. "C'est vrai que je ne connais pas ce monsieur, mais son indemnisation ressort d'un cadre légal", a expliqué à l'AFP le directeur général adjoint de l'Opéra, Jean-Philippe Thiellay.
Un accord de 2010 signé par trois syndicats (CGT, CFDT, FO) prévoit l'octroi de moyens aux syndicats en fonction de leur représentativité, chaque syndicat étant libre de son affectation. "Cette dotation est versée à la confédération, qui l'attribue à quelqu'un que je ne connais pas", a expliqué M.Thiellay. "J'ai demandé une analyse juridique qui a conclu à la légalité de l'accord", a-t-il précisé.
"Il n'y a aucun salarié fantôme ou emploi fictif", a précisé la direction de l'Opéra, ajoutant toutefois que "cet accord sera renégocié" après les prochaines élections de février. "On est en pleine campagne électorale", a rappelé le directeur général adjoint de l'Opéra, évoquant la tenue de ces élections professionnelles. "Une compétition féroce est en cours", a reconnu le secrétaire général du syndicat FSU national, Frédéric Maguet, dont un délégué à l'Opéra a été mis en cause il y a une dizaine de jours pour une facture de portable de 52.000 euros à l'étranger en juillet et août.
Ces révélations sont autant de coups portés dans la guerre que se livrent les syndicats de l'Opéra, qui représentent des catégories de personnel "très cloisonnées" (orchestre, choeurs, techniciens, cadres, etc.), a expliqué un représentant syndical.
L'annulation de plusieurs spectacles à la rentrée à la suite d'une grève des techniciens de l'Opéra, à l'appel de la FSU a "pu nourrir le ressentiment d'autres catégories de personnel", a estimé ce représentant syndical.
C'est dans ce climat qu'est sortie l'affaire de la facture de téléphone portable professionnel du syndicaliste FSU, qui doit être entendu lundi prochain en entretien préalable par la direction. "Ce type de dotation en équipement à usage syndical se pratique couramment au sein des ministères et des établissements publics, mais elle est en général très encadrée", a souligné la FSU, qui condamne "sans réserve toute négligence sur ce point", qu'elle "considère comme une dérive individuelle incacceptable".