Trente ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi à l'encontre d'un marginal de 36 ans jugé devant la cour d'assises de Seine-et-Marne pour l'empoisonnement avec de la méthadone de deux femmes. Le verdict est attendu dans la soirée.
"Cet individu a mis au point un cocktail particulier, pour provoquer un état de soumission chez ses victimes, qui a été mortel", a déclaré l'avocat général Emmanuel Dupic, rappelant que l'empoisonnement était un "vieux crime", "spécifique" et "gravement puni par la loi car il est lâche". L'accusé, un homme originaire de la Réunion qui a été un temps SDF à Meaux (Seine-et-Marne), est poursuivi pour deux empoisonnements, dont l'un précédé ou suivi d'un viol. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Delphine et Rachelle, les deux victimes, qui étaient des connaissances de l'accusé, ont toutes deux succombé à un an d'intervalle à un mélange d'alcool et de méthadone. Ce marginal, que tous ont décrit comme un homme "à femmes", qui pouvait être "violent" et aimait préparer "ses rhums arrangés maison", a été l'un des derniers à les avoir vues vivantes. Niant les avoir empoisonnées, il a soutenu tout au long du procès que Rachelle s'était suicidée dans sa salle de bains et que, "paniqué", il avait découpé son corps avec une scie et décidé de brûler ses restes dans un bois. Et ce n'est que lorsque des traces de son sperme seront retrouvées dans le corps de la seconde, Delphine, qu'il admettra avoir eu une relation avec elle, consentie selon lui. "Son discours, fait de mensonges, a été évolutif. La banalité et la légèreté avec lesquelles il raconte ce qu'il a fait au corps de Rachelle, son absence de repentir, vous devez en tenir compte", a ajouté M. Dupic à l'adresse des jurés, estimant l'accusé "dangereux". "Il a choisi d'être un bourreau. Il s'en est pris aux faibles, aux femmes fragiles et fragilisées. L'élément intentionnel c'est le viol. Il a administré cette substance à dessein de commettre un crime", a plaidé de son côté Me Isabelle de Bourbon Busset, avocate des parties civiles.
Pour son ex-compagne, jugée à ses côtés pour "complicité" dans la disparition du cadavre de Rachelle, l'avocat général a requis une peine de 16 mois d'emprisonnement avec mandat de dépôt, estimant que l'accusé n'avait pu "découper le cadavre sans elle". Le verdict est attendu dans la soirée.