Une mère de famille a décidé de porter plainte contre l'Etat, alors que son fils, qui souffre d'un trouble de l'attention, ne bénéficie pas de l'accompagnement personnalisé auquel il a pourtant le droit. Elle déplore une atteinte au principe d'égalité des chances.
"J'ai décidé de porter plainte contre l'Etat." Pour Kristel Carpentier, la mère de Timéo, un élève scolarisé en classe de 3e dans un collège de la Seine-et-Marne, la coupe est pleine. Depuis septembre, son fils, qui est atteint d'un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), est "livré à lui-même", faute d'AESH, les accompagnants d'élèves en situation de handicap.
"Timéo est accompagné par une AESH depuis l'école élémentaire, entre neuf et onze heures par semaine. Mais depuis la rentrée de septembre, son AESH est en arrêt maladie et elle n'a toujours pas été remplacée", explique Kristel Carpentier.
"Je vois sa moyenne chuter"
Une situation difficile à vivre pour cette mère, qui assiste, impuissante, au décrochage scolaire de son fils. Si l'adolescent ne rencontre pas difficultés à comprendre le contenu des enseignements, il peine à rester concentré, à prendre en note ses cours et à inscrire ses devoirs.
"Depuis que son AESH n'est plus là, aucun aménagement n'a été mis en place pour pallier ce manque", déplore la mère de famille. "Je vois sa moyenne chuter. L'année dernière, quand il était encadré, il avait environ 13/20 de moyenne. Au deuxième trimestre de cette année [qui est toujours en cours, NDLR], il est à 4/20", confie-t-elle.
Son comportement impulsif était également canalisé par la présence de son accompagnante, qui avait appris à le connaître au fil des années. "Elle allait le voir en dehors des cours, elle réussissait à le cadrer. Depuis septembre, il y a de plus en plus de problèmes en dehors de la salle de classe. Il a déjà été renvoyé à plusieurs reprises", explique la maman.
Une atteinte au principe d'égalité des chances
Désormais, Kristel Carpentier craint pour le brevet des collèges, alors que se tiendra bientôt le brevet blanc. Et si l'adolescent a le droit à un scripteur lors de la tenue des épreuves officielles, rien n'assure qu'une AESH sera là pour l'aider le jour des épreuves d'entraînement.
C'est pourquoi la mère de Timéo a décidé de déposer une plainte auprès du procureur de la République. "Je considère que l'État, en ne prenant pas les mesures nécessaires pour assurer la présence d'une AESH auprès de mon fils, a violé ses droits fondamentaux en laissant sur le bord du chemin un adolescent en situation de handicap", écrit-elle dans son courrier.
Elle poursuit : "En l'espèce, l'État français n'a manifestement pas pris les mesures nécessaires pour permettre à Timéo d'accéder à l'éducation, sans discrimination, sur la base de l'égalité des chances."
Pour une meilleure inclusion
Un cas loin d'être isolé. Car depuis plusieurs années, le métier n'attire plus les candidats, malgré une revalorisation "en moyenne de 11% à 14%" des salaires des 130 000 accompagnants d'élèves en situation de handicap, selon les chiffres de l'Education nationale.
"Le manque d'AESH est lié à un manque de valorisation, le métier n'est pas attractif", regrette Audrey Tatry, la présidente et fondatrice du collectif "Pour une école inclusive pour tous", crée à Rosny-sous-Bois. Pour cette dernière, l'inclusion à l'école est encore "un grand mot", malgré des avancées récentes, comme la mise en place dès la rentrée prochaine d'une "Adapta'box". Une boîte imaginée par son association et qui vise à fournir quinze outils concrets pour une meilleure inclusion.
"Nos enfants sont des exclus de l'intérieur, se désole la fondatrice de l'association, c'est pourquoi nous devons changer le regard sur la différence."