Le détenu qui a pris dimanche en otage un surveillant du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) a été condamné mardi à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Melun et va devoir réintégrer l'établissement.
Le détenu, qui purge une peine de 25 ans d'emprisonnement pour meurtre, avait séquestré dans un bureau pendant près de cinq heures un surveillant du quartier central de cette prison située au sud de Paris pour demander son transfèrement. Débutée vers 10H30, la prise d'otage avait nécessité l'intervention des policiers d'élite du Raid et l'Equipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris). Elle s'était achevée sans violence, vers 15 heures, avec la reddition du détenu.
Jugé en comparution immédiate pour "séquestration", l'homme âgé de 37 ans a reconnu mardi tous les faits et expliqué avoir fabriqué un objet pointu "ce matin-là" avec le manche d'une cuillère. "Je suis rentré dans le bureau et j'ai fermé la porte. Je lui ai montré l'arme et lui ai fait comprendre que je ne lui ferais pas de mal. Puis je l'ai rangé dans ma poche", a raconté au tribunal cet homme posé, au crâne dégarni et à la barbe rousse, ajoutant qu'il avait "pété un plomb". Selon la victime, un surveillant stagiaire de 45 ans qui a intégré l'administration pénitentiaire en septembre 2012, le prisonnier, pourtant décrit comme "calme", avait un comportement inhabituel dans la matinée du dimanche.
Incarcéré depuis juillet 2000, il avait déjà connu dix autres établissements avant d'arriver le 17 février dernier dans ce centre pénitentiaire du Sud-Francilien. En avril 2007, il avait tenté de s'évader de la centrale de Poissy (Yvelines). Faisant valoir "la responsabilité d'un homme qui ne peut pas mettre ses actes sur le compte de l'administration pénitentiaire", ni "imposer ses conditions de détention", le ministère public avait requis quatre ans d'emprisonnement sans mandat de dépôt, pour qu'il puisse réintégrer le quartier central qu'il désirait tant quitter.
Mi-mars, une centaine de surveillants avaient bloqué partiellement l'entrée de cet établissement pour protester contre une "recrudescence d'agressions" et demander plus de moyens.