La Cimade retire ses équipes du plus grand centre de rétention administrative (CRA) de France, au Mesnil-Amelot (77) après plusieurs jours d'une situation de "violences extrêmes" pour les personnes retenues au sein du centre.
Depuis le 11 juillet, l'association n'intervient plus dans ce centre de rétention administrative (CRA), le plus important de France. Il est situé à quelques centaines de mètres des pistes de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
Selon la Cimade, environ 200 personnes sont actuellement retenues au centre du Mesnil-Amelot (77). D'une capacité de 240 places, c'est un lieu où sont maintenus les étrangers qui font l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente de leur renvoi forcé.
Ces derniers jours,Le Mesnil-Amelot : un retenu condamné à un an de prison ferme pour violence et rébellion
— La Cimade (@lacimade) July 19, 2019
Ces violences, comme les tentatives de suicide et les automutilations participent des motifs du retrait de La Cimade de ce centre de #rétention#StopViolencesRétentionhttps://t.co/tTZnhMthvN
rapporte le secrétaire général de la Cimade, Cyrille de Billy.il y a eu trois tentatives de suicide dans le centre sans compter les actes automutilations. Pour réprimer les grèves de la faim, les retenus sont envoyés en cellule d'isolement
"Ces violences ne permettent plus aux équipes de la Cimade d'exercer leur mission d'accompagnement juridique dans de bonnes conditions", explique-t-il.
La direction ne souhaite pas s'exprimer
Sollicitée, les responsables du centrede rétention n'ont pas souhaité répondre."La politique menée par le ministère de l'Intérieur en rétention a des conséquences d'une extrême violence pour les personnes enfermées", selon M. de Billy.
La Cimade réclame "des conditions de vie dignes, moins d'enfermement, 40% des personnes retenues sont libérées sur décision de justice".
Selon l'association, au CRA du Mesnil-Amelot,
Ce retrait de la Cimade intervient trois semaines après une lettre envoyée au ministre de l'Intérieur par 22 associations lui rappelant "l'urgence de la situation en rétention et la nécessité notamment de prendre en charge les personnes atteintes de troubles psychiques graves".l'accès à l'eau potable n'est plus possible après 19H. Une femme enceinte soudanaise est retenue actuellement et a des difficultés d'accès aux soins.
Dans un courrier en réponse, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a assuré que "la prise en charge psychologique des personnes retenues va faire l'objet d'un renforcement".
La Cimade estime que cette réponse est "insuffisante" et "nie les pratiques illégales quotidiennes en centre de rétention comme l'enfermement des enfants ou l'expulsion de demandeur d'asile avant la réponse de l'Opfra (office français de protection des réfugiés et apatrides)".
La ligne rouge
La Cimade avec 21 organisations (Médecins du Monde, Amnesty International France, le GISTI, Emmaüs France, le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’Homme…) interpellent le ministre de l’Intérieur pour lui demander de :- faire cesser cette politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance de personnes étrangères ;
- proscrire tout enfermement d’enfants en rétention ;
- assurer la protection des personnes les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes malades ;
- mettre un terme aux pratiques illégales de l’administration.
A ce jour, le compteur indique que 21 584 personnes l'ont fait.