Permis de conduire à 17 ans : "Plus il y aura de candidats, pire ce sera." Les autos-écoles franciliennes inquiètent

Le gouvernement souhaite abaisser à 17 ans l’âge du permis de conduire. Chez les professionnels des autos-écoles, cette mesure divise à l'heure où passer son permis en Île-de-France est de plus en plus compliqué faute d'examinateur.

"Plus il y aura de candidats, pire ce sera." Pierre Talon est formel. La décision de faire passer l'âge légal pour l'obtention du permis de conduire de 18 à 17 ans est précipitée. Pour le président de la Fédération Nationale des Enseignants de la Conduite, cette mesure pourrait avoir d'importantes répercussions en Île-de-France. "Il y a un manque de moniteurs dans plusieurs départements. Les délais d'attente sont extrêmement longs et l'on rajoute de nouveaux candidats", déplore-t-il au sujet de la réforme qui entrera en vigueur à partir de 2024.

Une situation inégale selon les départements 

Dans la région, les départements ne sont pas tous dans la même situation. La Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise sont ceux dans lesquels ils manquent le plus d'inspecteurs pour le passage de l'examen. "L'ajout de jeunes de 17 ans va créer des pénuries encore plus importantes. Dans certaines autos-écoles, il en manque 2 ou 3 pour faire passer tout le monde convenablement. On risque de créer davantage de déséquilibres en acceptant de plus en plus de candidatures", note Christelle Coppin, responsable Île-de-France de Mobilans, association qui regroupe les chefs d'entreprise du secteur de l'automobile.

Cette monitrice en Seine-et-Marne explique que dans certains départements comme les Yvelines ou encore le Val-de-Marne, les délais d'attente pour certains candidats atteignent en moyenne 6 à 8 mois. Une attente qui rend ensuite difficile le passage de l'examen. "Lorsque vous ne conduisez pas durant autant de temps, vous pouvez aisément perdre les automatismes acquis pendant les cours, explique-t-elle. Un déséquilibre que note également Pierre Talon. "Certains collègues en Essonne m'ont déjà expliqué qu'ils acceptent sans cesse de nouveaux candidats souvent car ils ont les moyens. Ce n'est pas logique d'avoir des départements où il n'y a pas de place et certains où on ne peut passer le permis dans la même région."  

"Ce sera une bonne mesure si certaines conditions sont respectées" 

De ce fait, Christelle Coppin se dit favorable à la mesure sous plusieurs conditions. "Il faudrait augmenter les places d'examen disponible. Cela passera notamment par l'arrivée de nouveaux agents publics contractuels."

Des recrutements qui permettraient d'éviter un exode des candidats vers d'autres départements. "De plus en plus de gens passent le permis dans d'autres régions que l'Île-de-France alors qu'ils ont passé toutes leurs leçons dans la région", détaille Pierre Talon. Un phénomène qu'il attribue autant aux difficultés de conduite sur les routes franciliennes qu'au manque de moyens humains des autos-écoles de la région.

"Le problème est que l'on attend des candidats qu'ils soient irréprochables au volant lors de l'examen dans une région où beaucoup de conducteurs expérimentés font des erreurs." Enfin, il craint que de "lâcher les jeunes de plus en plus tôt sur la route" crée de nouveaux accidents. À ce titre, Mobilians demande que des mesures de sécurité accompagnent cette réforme. L'association propose notamment d’imposer aux jeunes de suivre un rendez-vous pédagogique au sein d’une école de conduite de proximité au bout de 6 mois.

De son côté, Pierre Talon espère que le passage du permis à 17 sera autorisé seulement si le conducteur a effectué la conduite accompagnée. "Passer outre cette étape reviendrait à tuer le meilleur processus d'apprentissage qui soit", selon lui.  

 

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