La préfecture n’a pas accordé l’autorisation environnementale au développement de la nouvelle technologie du Syndicat des eaux d’Île-de-France, sur un site pilote situé à Savigny-le-Temple. Le Sedif se dit déterminé à poursuivre le projet, pourtant critiqué pour ses conséquences économiques et écologiques.
Le projet "Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore", chiffré à 800 millions d’euros, promet de révolutionner les techniques de filtration. Dans un communiqué publié jeudi, le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) dit "prendre acte" de la décision de la préfecture de Seine-et-Marne, qui n’a pas accordé l’autorisation environnementale nécessaire au déploiement de sa nouvelle technologie. Ce traitement de l’eau par "Osmose Inverse Basse Pression" (OIBP) est censé être développé sur le site pilote d’Arvigny à Savigny-le-Temple, où l’établissement public espérait rapidement lancer des travaux, avec un coût estimé à 34 millions d’euros.
De quoi compliquer l'avancée du projet, lancé en 2018. L’OIBP, une technique de filtration "extrêmement fine" et proche de la nanofiltration, doit "permettre d’offrir aux usagers une eau plus pure, sans calcaire et sans chlore, mais aussi débarrassée d’un maximum de micropolluants et de perturbateurs endocriniens", selon le Sedif. Un "projet pionnier" qui offre "de nombreux bénéfices pour la santé des usagers, pour la planète et devrait induire une économie nette de 100 € par foyer et par an", ajoute l’établissement public.
Une méthode en trois étapes : l’eau doit être puisée dans la nappe souterraine de Champigny, puis filtrée dans l’usine d’Arvigny grâce à un système de membranes. Les 10% d’eau prélevée qui ne peuvent pas franchir le filtre doivent ensuite être rejetés dans la Seine. L’eau filtrée, elle, doit enfin être disponible dans plusieurs communes de l'Essonne et du Val-de-Marne.
Un projet critiqué par la communauté d'agglomération Grand Paris Sud
Mais le projet fait face à de fortes critiques. La communauté d'agglomération Grand Paris Sud et de nombreux élus demandent en effet à tirer une croix sur le projet. Les opposants pointent du doigt l'utilisation de la nappe phréatique de Champigny, en tension, mais aussi le déversement des concentrats (les éléments indésirables retenus par les membranes) dans la Seine. Ils jugent par ailleurs l’investissement trop coûteux.
Du côté du Sedif, André Santini, président de l’établissement public et maire UDI d’Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, se dit "déterminé à poursuivre ce projet d’avenir et d’intérêt général, qui répond aux attentes de nos 4 millions d’usagers franciliens en matière de qualité de l’eau et devance les exigences croissantes des autorités en matière de santé".
Le Sedif compte poursuivre le déploiement de l’OIBP dans ses trois principales usines, situées sur la Seine, la Marne et l’Oise, à partir de 2024. L’établissement public, qui "regrette l’impact" que la décision préfectorale "aura sur le déroulement des travaux de l’usine pilote", indique que "les discussions se poursuivront tout prochainement avec les différentes parties".