Gestion de l'eau : levée de bouclier contre une nouvelle méthode de purification de l'eau proposée par le SEDIF

Le Syndicat de l'Eau en Île-de-France entend utiliser une nouvelle technique de purification de l'eau potable francilienne, qui soulève des critiques. Certains opposants appellent même à repenser le modèle actuel de gestion de l'eau dans la région.

Le SEDIF entend permettre aux Franciliens de bénéficier d'une eau potable "100% pure" à l'horizon 2030. Ce projet, lancé en 2018, vise à fournir une eau du robinet ne contenant aucun micropolluant.

Le Syndicat des Eaux en Île-de-France explique dans un communiqué vouloir tendre vers "une eau du robinet pure, sans calcaire et sans chlore, mais aussi débarrassée d'un maximum de perturbateurs endocriniens". Cette eau, qui sera disponible dans plusieurs communes de l'Essonne et du Val-de-Marne, sera produite dans l'usine d'Arvigny du SEDIF située à Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne. 

L'osmose inverse basse pression: une méthode de purification de l'eau

Afin de purifier l'eau du robinet, le SEDIF mise sur la méthode de l'osmose inverse basse pression. "L'OIBP est un procédé de filtration physique. On prend l'eau brute, on met de la pression du côté de l'eau brute et l'on fait passer l'eau pure à travers un filtre physique, des membranes. Ainsi, on parle d'osmose inversée, car on va d'un milieu moins concentré vers un milieu plus concentré. Enfin, on parle de basse pression, car il n'y a besoin que d'un petit niveau de pression pour pousser l'eau" explique Luc Strehaiano, premier vice-président du SEDIF.

Ainsi, il s'agit d'une méthode en trois étapes. D'abord, l'eau est puisée dans la nappe souterraine de Champigny, en Seine-et-Marne. Ensuite, l'usine d'Arvigny filtre l'eau grâce à un système de membranes d'OIBP, une technique notamment utilisée pour dessaler l'eau de mer. Enfin, la partie de l'eau prélevée dans la ressource qui ne peut pas franchir la membrane soit environ 10% du volume prélevé, est rejetée dans la Seine. 

Les opposants au projet craignent des conséquences économiques et écologiques

Les opposants au projet avancent avant tout des arguments environnementaux. Michel Bisson, président de la communauté d'agglomération Grand Paris Sud, déplore l'utilisation de la nappe phréatique de Champigny. "Ce dispositif va nécessiter de puiser 15 % d'eau en plus dans cette nappe qui est déjà sous tension." De plus, le président de Grand Paris Sud s'oppose au déversement des concentras dans la Seine. "Nous portons une attention toute particulière à la qualité de l'eau dans la Seine et les concentras viendraient renforcer une certaine forme de pollution" précise-t-il.

L'autre motif de mécontentement est d'ordre économique. "Les répercussions de ce projet mèneraient à une augmentation de 20 à 30 % du prix de la production d'eau", souligne Michel Bisson.

Au-delà de son opposition à ce projet, Michel Bisson dénonce le modèle du SEDIF qu'il qualifie comme "hégémonique et technologique" en ce qui concerne la gestion de l'eau dans la région francilienne. De son côté, et avec l'appui du Grand Paris Sud, il propose un modèle "coopérant, à la bonne échelle et écologique". "Nous souhaitons que la dizaine d'opérateurs franciliens en production d'eau travaillent ensemble à l'échelle de notre région en coopérant notamment avec les agriculteurs afin de diminuer la pollution des travaux de gestion de l'eau" clarifie-t-il. 

Le SEDIF se défend

Sur le plan économique, Luc Strehaianole premier vice-président du SEDIF, assure qu'il n'y aura pas d'augmentation du prix de l'eau consécutive à la mise en place de cette nouvelle technique de purification dans les communes concernés par le travail du site d'Arvigny.

En termes de conséquences écologiques, il affirme que le syndicat a mené des études sur le rejet des polluants. "Celles-ci montrent que le rejet de ces substances dans la Seine n'a aucun impact sur la qualité de l'eau et sur les écosystèmes dans le fleuve" précise-t-il.

A la suite d’une enquête publique, le SEDIF a récemment reçu un avis favorable pour l'installation d'une unité de traitement membranaire de l'eau sur le site d'Arvigny.                  

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