Un guide de la baie de Somme a fait une drôle de découverte, samedi 14 septembre : un silure de 1,80 mètre gisait, en état de décomposition, sur le sable, à Saint-Valery-sur-Somme. Un animal de plus en plus répandu dans la Somme.
Lorsque Yann Joly découvre ce poisson échoué sur le rivage, quai Jeanne d’Arc, à Saint-Valery-sur-Somme, il croît, de loin, voir un phoque. Même couleur, même taille. En s’approchant, il trouve un énorme silure, une bête d’environ 1,80 mètre. Pourtant, ce guide en baie de Somme connaît bien la faune du coin. "Ce n’est pas la première fois que je croise des cadavres d’animaux. Le plus souvent, ce sont des phoques. On appelle alors l’association qui s’en occupe. Mais, il est très rare de voir des silures, en particulier en bord de mer", explique Yann Joly, directeur de Kayak Baie des phoques.
Un poisson vorace
Ce poisson d’eau douce sans écaille aime les eaux calmes, profondes et turbides. Il peut mesurer jusqu’à 2,65 mètres et peser 150 kg. C’est un redoutable chasseur, doté d’un appétit féroce. Il se nourrit de rongeurs, d’oiseaux et de poissons de toutes espèces et serait même cannibale. Selon certaines légendes, il a pu manger des chiens et même des enfants, même si ces faits n'ont jamais été vérifiés. Ses populations ne cessent de croître en France, en particulier dans la Seine, à Paris, le Rhône, la Saône, la Loire et la Garonne.
Des pêcheurs avaient introduit des silures dans des étangs fermés pour leur parcours de pêche. Lors des grandes inondations de 2001, on a vu une explosion de ces poissons.
Michel Blondin, président de l’association des pêcheurs à la ligne du Ponthieu
Une explosion de la population dans la Somme
Dans la mer, les découvertes sont plus rares. "Ce poisson s’est trompé de route. Il a dû mourir à cause de la salinité de l’eau, quand la Somme, à marée basse, a traversé l’estuaire", détaille le guide nature. Sa présence dans la Somme est relativement récente. L’espèce a été introduite par l’homme et son développement a été favorisé par une catastrophe naturelle. "Des pêcheurs avaient introduit des silures dans des étangs fermés pour leur parcours de pêche. Lors des grandes inondations de 2001, on a vu une explosion de ces poissons. L’eau a dépassé les deux mètres et ils ont été éparpillés dans les étangs et les rivières", explique Michel Blondin, président de l’association des pêcheurs à la ligne du Ponthieu.
Une espèce non régulée
Le silure est un poisson invasif qui colonise très rapidement les rivières. Opportuniste, il ne se spécialise pas dans une espèce et attaque parfois les appelants, c'est-à-dire les leurres vivants, disposés sur l'eau pour attirer les proies, lors des périodes de chasse à la hutte, dans la vallée de la Somme. Il ne fait donc pas l’unanimité. Pourtant, il n’est pas classé espèce nuisible par les autorités. "Sa présence est forcément au détriment des autres espèces, car il est vorace et il grandit vite. Mais il préfère les poissons de fond. Je ne suis pas inquiet parce que ça se mange. Le silure, c’est peut-être ce qui va nous sauver", ironise Michel Blondin.
Depuis quelques années, certains chefs proposent le silure à leurs clients. Faciles à cuisiner, d’après les amateurs, les filets de silures ont une excellente tenue à la cuisson. Si la demande augmentait en France, cela pourrait peut-être permettre de réguler les populations.