Des buffles d'eau dans le marais du Crotoy. Ces vaches ne sont pas là pour faire de la mozzarella, mais pour l'écopâturage. Depuis un an et demi, elles entretiennent cet espace naturel marécageux où peu de races de bovins peuvent se déplacer sans danger.
Quelques mots doux et quelques caresses suffisent à les appâter. Comme toutes les semaines, Christophe Labis vient rendre visite à ses bufflonnes. Des bêtes d’environ une tonne qu’il affectionne. Et qu'il a mises en pâturage dans le marais du Crotoy, il y a un et demi. Les sept individus ont rapidement trouvé leurs marques dans cet environnement humide. "Ça leur plaît ici, remarque Christophe Labis. Pour elles, c'est le top : il y a des plans d'eau un peu partout et différentes végétations. C’est un biotope parfait. Ce sont des bêtes qui aiment l'eau et qui adorent se baigner. Il leur faut de l'eau. Donc dans le marais, elles sont heureuses !"
Leur milieu naturel : les zones humides
Des élevages de bufflonnes, il y en a très peu en France et principalement tournés vers l'exploitation laitière pour fabriquer du fromage dont la mozzarella. Dans le marais du Crotoy, la mission des bufflonnes de Christophe Labis est totalement différente. "Nous, on les destine plus à l'écopâturage et à la viande. Elles ont la qualité de savoir se déplacer dans les zones humides, d'aller dans les parties profondes, là où les autres bêtes ont tendance à s'enliser ou à se noyer, explique l'éleveur. C'est vraiment une bête qui est faite pour les milieux humides. Et puis, elle a su s'acclimater au froid, notamment alors que, dans son pays d'origine, il ne fait pas froid. Et puis, ce sont des bêtes dociles. Ce sont vraiment des braves bêtes !"
Les bovins disposent ici de 130 hectares et cohabitent avec une cinquantaine d’Highland cattle, une race écossaise.
Ces deux espèces cohabitent parfaitement et se partagent sereinement l'espace : les bufflonnes préfèrent se déplacer en groupe tandis que les Highland ont tendance à se disperser dans le marais. Du point de vue alimentaire, les deux races sont complémentaires.
Les stars du marais
"J'ai voulu ces deux espèces pour accéder aux zones marécageuses. Avec les Highland et les buffles d'eau, on sait qu'il n'y a pas de danger qu'elles restent enlisées. Ça mange un peu la même chose. La Highland s'attaque plus aux arbustes que la bufflonne. La bufflonne va plus pâturer dans l'eau, manger les roseaux, les joncs, distingue Christophe Labis. Et ça va plus profond dans les milieux humides. Dans les zones vraiment noyées, c'est capable de s'immerger avec de l'eau jusqu'au-dessus du dos pour qu'on ne voie plus que la tête, voire disparaître sous l'eau momentanément."
Une adaptation d'autant plus nécessaire que toutes les bêtes passent l'hiver sur le marais en extérieur. C’est la municipalité du Crotoy qui est à l’origine de ce projet. Pour la ville, cet écopâturage a un double avantage pour cette zone classée Natura 2000. Pour Sébastien Decaux, responsable des services techniques de la ville, l'avantage est double : "il y a un intérêt en termes de biodiversité et en termes de gestion du marais. Ça nous évite aussi beaucoup de temps de travail au niveau de l'entretien. On a un fauchage et un entretien du marais qui est de meilleure qualité. Ce qui, en plus, nous permet d'avoir un gain de temps de travail de nos employés à ce niveau-là."
Cerise sur le gâteau, les bufflonnes, stars du marais du Crotoy, sont devenues un atout touristique. Un intérêt que suscitaient déjà les Highland. Nul doute que dans onze mois, les visiteurs seront nombreux à venir faire connaissance avec les petits bufflons, car les jeunes bufflonnes devraient connaître leurs premiers vêlages à l'hiver prochain.
Avec Mary Sohier / FTV