En août 2021, des policiers de la BAC avaient cherché à contrôler une voiture avec deux passagers à l'intérieur. Les policiers ont assuré qu'ils avaient voulu s'enfuir et avaient tiré sur le véhicule. Les deux passagers avaient été gravement blessés.
Les deux fonctionnaires, âgés de 28 et 31 ans et affectés à la brigade anticriminalité (BAC) de Stains, ont été mis en examen le 8 septembre pour l'un, le 3 octobre pour l'autre, pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours par personne dépositaire de l'autorité publique et avec usage de leur arme de service", a indiqué le parquet de Bobigny, confirmant une information du Bondy Blog.
Ils ont également été placés sous contrôle judiciaire, ce qui les prive de la possibilité d'exercer leur activité professionnelle sur la voie publique et leur interdit de porter ou détenir une arme.
Graves blessures
Dans la nuit du 15 au 16 août 2021 à Stains (Seine-Saint-Denis), vers 1h30, un équipage de la BAC est intervenu pour contrôler un véhicule. À bord, deux personnes : le conducteur ainsi que sa passagère, allongée sur la banquette arrière.
Les policiers affirment chercher à contrôler la voiture mais celle-ci, d'abord immobilisée près des forces de l'ordre, aurait effectué une marche arrière avant de se remettre en marche avant, avait expliqué une source proche de l'enquête à l'époque des faits.
Les victimes assurent au contraire avoir été surprises, ne se doutant pas qu'il s'agissait de policiers, car sans brassard ni véhicule identifiable.
Une vidéo amateur, massivement partagée sur les réseaux sociaux tant elle semble tirée d'un film, montre partiellement l'intervention, quand deux policiers font feu à plusieurs reprises en direction de la voiture.
Le conducteur a reçu plusieurs balles au thorax, au bras et au pubis. Il s'en est sorti après une longue hospitalisation. Sa compagne, passagère, a été gravement blessée au dos, lui valant 100 jours d'ITT.
Les deux policiers avaient été placés en garde à vue dans la foulée, avant d'être libérés.
Deux procédures parallèles
"Ils ont riposté dans le cadre légal à des violences" de la part de l'automobiliste qui, "à trois reprises, a tenté d'écraser les policiers" en manœuvrant son véhicule, a réagi auprès de l'AFP Laurent-Franck Liénard, l'avocat des agents, précisant qu'il allait contester les mesures du contrôle judiciaire.
À l'annonce des mises en examen, "on a ressenti quelque chose de tellement fort que même un seul mot ne suffirait pas à l'exprimer", a de son côté confié à l'AFP la passagère, prénommée Meryl. "C'est déjà pour nous une reconnaissance de notre statut de victime et une vraie lueur d'espoir" après être revenus "de tellement loin", a-t-elle affirmé.
Dans ce dossier se mêle deux procédures parallèles, qui évoluent à des rythmes différents. Le conducteur de 37 ans, également poursuivi pour "refus d'obtempérer" et "violence avec arme", en l'occurrence sa voiture, a été condamné en février à deux ans de prison par le tribunal de Bobigny.
Il a fait appel de cette décision et sera de nouveau jugé devant la cour d'appel de Paris mardi.
"On attend que la justice fasse son travail"
Les mises en examen des policiers marquent, elles, une nouvelle étape dans la procédure judiciaire menée par un juge d'instruction, plus d'un an après cette nuit houleuse sur un boulevard, dans cette ville populaire au nord de Paris.
"Pourquoi ils ont tiré ? On attend que la justice fasse son travail parce que là, c'est abusé (...) Heureusement qu'il y a des vidéos", s'était indignée Fatiah, membre de la famille, lors d'une manifestation de soutien quelques jours après les faits.
Source : AFP