A Bobigny, la gestion douteuse de la société Semeco par l'ancienne municipalité communiste

La chambre régionale des comptes a examiné la gestion de la société d'économie mixte Semeco qui gère de nombreux équipements de Bobigny pour le compte de la mairie. Le constat est accablant et troublant quant à la gestion pratiquée par l'ancienne municipalité communiste. 

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C'est comme quelque chose d'englouti depuis longtemps au fond de l'eau qui remonterait un jour à la surface, longtemps après. Car la société d’économie mixte d’exploitation d’équipements collectifs (Semeco) a été créée en 1986 par la commune de Bobigny. Et le rapport de la chambre régionale des comptes examine le fonctionnement de cette société sur la période 2009 à fin 2014.

Détournement de fonds, favoritisme, totale incurie financière, soupçons d'emplois fictifs, tout y est. On trouve de tout dans ce dossier, et avec un aplomb qui laisse pantois !

Le chauffage urbain finance les activités déficitaires

Dans le rapport on peut distinguer ce qui tient du montage étrange d'une société qui gère à la fois des parkings, les dalles, nombreuses et immenses, de la ville, une piscine ou les espaces verts, mais aussi le chauffage urbain de la ville et une usine de cogénération (c'est-à-dire une usine qui produit à la fois de l'électricité et de la chaleur utile). Soit un ensemble d'activités qui n'ont pas grand chose à voir ensemble, qui ne devraient pas se trouver dans une structure commune, et surtout une situation qui a conduit depuis plusieurs années à ce que le chauffage urbain finance le déficit des autres activités. Une abberration qui conduit les habitants de Bobigny à payer leur chauffage entre 18 et 23 % plus cher qu'ils ne devraient
Mais l'étrangeté du montage peut, à la rigueur, être imputé à l'histoire de la ville et de la Seine-Saint-Denis, car la Semeco n'a fait que reprendre les activités d'une societé d'économie mixte précédente.

Des détournements de fonds à peine cachés

Mais le rapport s'est aussi penché sur d'autres éléments, plus graves qui mettent en lumière des détournements de fonds. A commencer par les dirigeants de la Semeco, l'ancienne directrice, jusqu'en 2011, qui fait l'objet d'une procédure judiciaire et devrait comparaître devant le tribunal correctionnel de Bobigny en juin 2016, accusée d'avoir favorisé des entreprises au cours d'appels d'offres, versé des primes fictives à des salariés, et fait réaliser des travaux chez elle aux frais de la société. La justice dira si elle s'enrichissait en percevant des rétro-commissions sur ces primes ou attributions de marchés. On peut le supposer au vu des montants dont il est question dans le rapport.

Comparaîtront avec elle un ancien comptable de la société ainsi qu'un chef d'entreprise. Car le fonctionnement de l'entreprise, ses dépenses, souvent non enregistrées, décidées par la seule gouvernance de la Semeco et rarement appuyées sur une délibération de la municipalité en bonne et due forme, sont plus que suspects. Comme ces retraits en liquide de plus de 20.000 euros avec la carte de crédit de la société, ou encore ce contrat d'assurance-vie au profit de la directrice générale pour 180.000 euros.

Il y a encore l'ancien comptable qui signe un contrat entre sa propre société de gardiennage et la Semeco pour un marché de plus de 500.000 euros. Le tout bien sûr sans appel d'offre et pour des prestations dont on pense désormais qu'elles n'ont sans doute jamais existé.


Voitures de fonction et cartes d'essence à profusion

Il faut lire les 150 pages du rapport ici

Rapport SEMECO Bobigny Cour des Comptes

et se pincer parfois pour réaliser le systématisme de ces détournements de fonds et prendre la mesure de l'incurie qui a régné dans la gestion de cette société depuis des années.

On y trouve encore des voitures de fonction dotées de cartes d'essence, le tout sans autorisation ni parfois justification ou l'achat et la rénovation d'un bâtiment pour faire une "cité des fêtes", pour 1,5 million d'euros qui n'a jamais ouvert ni fonctionné, parce qu'il ne pouvait recevoir de public.

A toutes ces lourdes mises en cause, qui impliquent pourtant l'ancienne gestion municipale, Catherine Peyge, l'ancienne maire de Bobigny, répond qu'elle est sereine. Pour elle "la Semeco a toujours pleinement joué son rôle". Et elle charge autant qu'elle le peut, l'ancienne directrice qui était également une proche.

Les différentes enquêtes ouvertes et la justice diront si ces "irrégularités" avaient aussi une autre finalité, moins avouable encore que l'enrichissement personnel d'une directrice indélicate.

Le nouveau maire, Stéphane de Paoli (UDI) a pour Bobigny, déjà déposé plusieurs plaintes. 
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