Le breakdance – ou breaking sera mis à l'honneur lors des Jeux olympiques de Paris 2024, dont l'épreuve se déroulera les 9 et 10 août prochains. À 100 jours de la cérémonie d'ouverture, la ville d'Aubervilliers met l'accent sur cette danse phare du hip-hop, dont l'entrée aux JO laisse une professeure de breakdance perplexe.
"Valoriser le tissu associatif et sportif du territoire." Une consigne que s'est donnée cette "ville supportrice" de Seine-Saint-Denis à l'occasion des J-100 avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet prochain.
Ce mercredi, le stade André Karman d'Aubervilliers s'est transformé en aire de jeux multi-activités. Au menu : du badminton, du tennis de table ou encore de la boxe. Le temps pluvieux ralentit la ferveur des enfants, mais pas les deux mascottes présentes pour l'occasion.
"Ils ont quand même eu une matinée ensoleillée pour s'amuser", nuance une employée de la mairie. Les photos des enfants en compagnie des Phryges olympiques tout juste terminées, que la scène installée près des gradins se libère aussitôt.
Un groupe de danseurs parés de longues tenues blanches qui détonnent face aux doudounes et autres vêtements impérméables, font une entrée remarquée. "Nous vous avons amené les plus belles Athéna de toute la Grèce", débute alors Rayan, l'un des danseurs.
"Le temps des gladiateurs et le breakdance sur une même scène"
Aussitôt approuvés par une armada d'enfants présents – et défiant la pluie – ils démarrent un show dans lequel ils s'identifient comme gladiateurs. "Toulousus", ou "Normandus", sont ainsi les origines annoncées des différents "combattants".
Si la foule raffole d'un affrontement, il n'en est pourtant rien. Leur combat ? Une danse trouvant ses origines dans le New York des années 1970 : le breakdance – ou breaking lors des compétitions. Sur fond d'une musique transportant en pleine Rome antique, les figures de breakdance s'enchaînent. Les victoires de leurs nouveaux héros galavanisent le jeune auditoire.
Le breakdance a commencé dans la rue, il sera désormais sur l'une des plus grandes scènes mondiales
Clément, de la compagnie de danse "Surprise Effect"à France 3 Paris Île-de-France
Le duel final terminé et les médailles remises aux vainqueurs, les danseurs saluent la foule d'enfants qui bravent encore le temps pluvieux. "Nous avons réunit le temps des gladiateurs et le breakdance sur une même scène", décrit Clément à l'issue du show.
Il appartient, comme Rayan, à la compagnie toulousaine de breakdance Surprise Effect. "Même si la météo n'était pas avec nous, on a kiffé et les enfants étaient bien présents", relève Rayan.
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En quinze ans, la compagnie a mené des spectacles de danse sur une trentaine de pays. "C'est notre vie, notre passion, notre culture qu'est le hip-hop. Nous vivons de cela [...] Rien n'arrête les Jeux !", clame-t-il.
Pour Clément, l'entrée du breakdance aux Jeux olympiques de Paris 2024 est "un honneur". "Nous venons de loin. Le breakdance a commencé dans la rue, il sera désormais sur l'une des plus grandes scènes mondiales. C'est une reconnaissance à part entière, ça c'est évident", s'enthousiasme-t-il.
Art ou sport, "pas la même discipline"
S'ils ont été intéressés par les Jeux ? "Alors, en tant qu'athlète, non. Il faut vraiment un très haut niveau pour les différents compétitions. Par contre, l'un de nos collègues va représenter la France aux Jeux olympiques", ajoute Rayan. Mais à Aubervilliers, Rayan, Clément et leur troupe participent aussi à leur manière à ces Jeux olympiques.
Pour nous [aux JO], ce n'est pas la même discipline. Nous faisons des spectacles, nous ne sommes pas dans la compétition
Rayan, de la compagnie de danse "Surprise Effect"à France 3 Paris Île-de-France
Il s'agit de "Dany Dann", le premier français qualifié pour les Jeux olympiques dans cette nouvelle discipline, rapportaient nos confrères de France 3 Occitanie. "On espère qu'il gagnera !", ajoute-t-il, avant de conclure : "pour nous, ce n'est pas la même discipline. Nous faisons des spectacles, nous ne sommes pas dans la compétition."
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C'est avant tout un langage, plutôt que 'qui est le plus fort' ou 'qui fait le mouvement le plus impressionnant'
Federica Miani, alias "Mia", professeure de danse hip-hop à Aubervilliersà France 3 Paris Île-de-France
Federica Miani, alias "Mia", professeure de danse hip-hop à Aubervilliers redoute une perte de l'aspect culturel du breakdance. "Je suis très curieuse. Il s'agit d'une danse où il n'est pas question de points ou de compétition", argue la danseuse et interprète.
"C'est avant tout un langage, plutôt que 'qui est le plus fort ?' ou 'qui fait le mouvement le plus impressionnant ?'." La réponse les 9 et 10 août prochains, date des premières épreuves de breakdance aux Jeux olympiques d'été, sur la place de la Concorde, au cœur de la capitale.
Je suis très curieuse, il s'agit d'une danse où il n'est pas question de points
Federica Miani, alias "Mia", professeure de danse hip-hop à Aubervilliersà France 3 Paris Île-de-France
En décembre 2020, Sidney, une figure du mouvement hip-hop en France avouait sur France Info que l'arrivée du breakdance au programme des Jeux olympiques était "un aboutissement pour une culture mondiale", mais craignant qu'elle ne finisse par ne plus ressembler "à de la danse et que cela devienne gymnique".
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Quant à la ville d'Aubervilliers, l'enthousiasme à l'arrivée des Jeux est bien présent : "nous retransmetterons les épreuves des Jeux sur des écrans géants du 29 juillet au 4 août, nous aurons le passage de la flamme les 25 et 26 juillet, ainsi que la marathon paralympique le 8 septembre suivant", énumère Aïcha Sebah, chargée de mission JOP à la mairie d'Aubervilliers.
"Au delà de l'héritage, ce sont des moments festifs et de partage qui rassemblent tous les habitants et c'était le cas aujourd'hui, confie la maire de la commune Karine Franclet. Il était très chouette de pouvoir mettre à l'honneur cette nouvelle discipline qu'est le breakdance."