En raison d'une baisse de ses subventions, le média en ligne fondé en 2005 appelle aujourd'hui aux dons pour continuer à publier. Ses contributeurs écrivent pour la plupart d'entre eux bénévolement sur la vie de leurs quartiers.
Depuis début décembre, le site du Bondy Blog a lancé un appel aux dons. "On a besoin de ces dons, car le maintien de notre média est de plus en plus compliqué d'année en année", explique Sarah Ichou, directrice du média en ligne. "Nous dépendons de subventions du gouvernement. Celles-ci sont de moins en moins élevées depuis deux ans et on compte sur le soutien de nos lecteurs pour tenir. Pour continuer à donner la parole aux habitants des quartiers populaires."
Pour pallier la baisse de subventions, le média a dû se réinventer et créer des contenus en partenariat avec des associations. "C'est une façon de continuer à payer les quelques salariés, mais la survie du média est en jeu aujourd'hui, car la plupart des contributeurs sont bénévoles et le blog demande du temps et de l'investissement à chacun". Sarah Ichou fait partie des trois salariés du Bondy Blog mais "seulement à mi-temps. Le reste du temps, je suis géante bénévole du blog", indique-t-elle.
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— Le Bondy Blog (@LeBondyBlog) December 18, 2024
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Pour la directrice de la rédaction, la baisse des subventions gouvernementales témoigne du "manque d'intérêt du gouvernement pour les habitants des quartiers populaires." Selon Helena Berkaoui, rédactrice en chef, "les subventions de l'État ont baissé de manière significative depuis la mort de Nahel Merzouk à Nanterre" en juin 2023 suite à un tir policier.
En termes de chiffres, les subventions accordées par l'Agence de nationale de la cohésion des territoires rattachée au ministère de la Culture s'élevaient à 150 000 euros en 2022 contre 70 000 euros en 2024 pour le média basé en Seine-Saint-Denis.
Des conférences de rédaction ouvertes à tous
Fondé en 2005, le Bondy Blog est aujourd'hui en danger. "Le média a été créé après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois." Les deux adolescents sont décédés électrocutés dans un transformateur électrique alors qu'ils tentaient d'échapper à un contrôle de police.
"L'idée, c'est de faire résonner la voix des quartiers populaires, de permettre à tous leurs habitants de raconter leurs histoires. Le Bondy Blog, c'est une réponse à l'urgence qu'il y avait à donner une voix médiatique aux quartiers populaires. De porter les récits de celles et ceux qui y vivent", raconte Sarah Ichou, directrice de la rédaction et originaire de Bondy en Seine-Saint-Denis.
Au quotidien, une trentaine de contributeurs publie des articles sur des sujets divers. "On y parle de culture, de sport, de musique, mais aussi de politique. Tout le monde peut nous proposer des sujets même sans être journaliste", explique Sarah Ichou.
Le Bondy Blog est un média, mais aussi une association. "Nos conférences de rédaction du mardi sont ouvertes à tous. Chacun est libre de proposer des sujets et apprendre à les raconter et les écrire de manière journalistique", raconte Selim Kourchi, journaliste. "Nos locaux à Bondy servent de lieu d'écriture pour nos articles, mais également de lieu de rencontres pour les jeunes des quartiers populaires. Nous organisons des conférences et des séances d'éducation aux médias, c'est un véritable lieu de vie", note Sarah Ichou.
Plus de 100 journalistes formés au Bondy Blog
Près de 20 ans après sa création, le Bondy Blog a publié plus de 1 000 articles écrits par plusieurs centaines de journalistes et contributeurs. "On a aussi contribué à former plusieurs centaines de journalistes qui exercent dans les plus grandes rédactions de France ", explique Selim Krouchi, rédacteur au Bondy Blog dans une vidéo Youtube publiée par le média.
Le "BB" comme l'appellent ses contributeurs, a d'ailleurs lancé en 2010 une prépa en partenariat avec l'École supérieure de Journalisme de Lille. Celle-ci a pour but de "faire changer la sociologie des rédactions", selon Sarah Ichou.
Aujourd'hui, l'équipe dirigeante du Bondy Blog a le sentiment d'être une rédaction", que l'on veut faire taire, mais qui n'a pas fini de raconter des histoires. Nous appelons aux dons, car nous refusons d'être réduits au silence et voulons continuer à faire résonner la voix de tous les quartiers populaires", conclut Sarah Ichou.