Josette Audin, veuve de Maurice Audin, jeune militant communiste torturé et tué par l'armée française en 1957 en Algérie, est décédée samedi à l'âge de 87 ans.
"Grande tristesse. Josette Audin s'en est allée. Elle s'est battue toute sa vie pour la vérité et pour la mémoire de son mari. Elle part apaisée d'avoir vu enfin ce crime d'État reconnu", a réagi le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel.Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a salué "une militante anticolonialiste de la première heure" et une "grande dame qui a mené un combat inlassable, sa vie durant, afin que la vérité soit faite sur l'assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la guerre de libération nationale".Grande tristesse. Josette Audin s'en est allée. Elle s'est battue toute sa vie pour la vérité et pour la mémoire de son mari. Elle part apaisée d'avoir vu enfin ce crime d'état reconnu.
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 3 février 2019
"Son courage, sa persévérance, la force de ses convictions et de ses engagements ont marqué les esprits à jamais", a ajouté le président Bouteflika dans un message de condoléances, cité par l'agence APS.
"Le courage immense d'une femme"
Le député LREM proche de la famille Audin, Cédric Villani, a également rendu hommage à Mme Audin. "Indignée ou confiante, meurtrie ou sereine, apaisée enfin: je garde en moi le souvenir vif de chacune de mes rencontres avec Josette Audin, forte de soixante ans de combat pour la vérité, inspiration pour une vie entière", a-t-il écrit sur Twitter.À l'annonce de son décès, le chef de l'État a également rendu hommage à Josette Audin dans un communiqué saluant "le courage immense d'une femme qui, par amour et par conviction, ne cessa jamais de se battre pour la justice et la vérité. (...) La vie de Madame Audin fut une vie d'amour et de combat pour son mari et pour la vérité. C'est son viatique et la source de notre profond respect".Indignée ou confiante, meurtrie ou sereine, apaisée enfin : je garde en moi le souvenir vif de chacune de mes rencontres avec Josette Audin, forte de soixante ans de combat pour la vérité, inspiration pour une vie entière.https://t.co/qso0EVot0B
— Cédric Villani (@VillaniCedric) 3 février 2019
Le 105e collège du Val-de-Marne portera le nom de Josette et Maurice Audin a déclaré Christian Favier, le président du Conseil départemental du Val-de-Marne.
Reconnaissance d'un tabou officiel
Le 13 septembre dernier, Emmanuel Macron s'était rendu à son domicile à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, pour lui demander "pardon" en lui remettant une déclaration reconnaissant que son mari était mort sous la torture du fait d'un "système légalement institué" par l'ancienne puissance coloniale française en Algérie."C'est à moi de vous demander pardon, donc vous ne me dites rien. On restaure un peu de ce qui devait être fait", avait dit le chef de l'État à Josette Audin lorsque celle-ci a voulu le remercier pour cette déclaration levant un tabou officiel.
Une place Maurice-Audin avait été inaugurée le lendemain à la fête de l'Humanité à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), en présence de Josette Audin.
"Je remercie ceux qui ont continué (la recherche de la vérité). Je suis reconnaissante de cette journée", avait-elle alors déclaré.
Le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), dont Josette Audin était devenue membre du comité d'honneur cette année, salue la mémoire d'une militante engagée "contre le colonialisme et le racisme" et affirme vouloir poursuivre son "combat pour la vérité", dans un communiqué.
En effet, le mouvement antiraciste rappelle qu'on ne connaît toujours pas "les circonstances exactes de ce meurtre" et qu'on n'a jamais su "ce qu'était devenu le corps" de Maurice Audin.