Alors que la Ville de Saint-Denis a dévié trois lignes de bus pour réaménager l'hypercentre, un collectif d’habitants qui a saisi la Défenseure des droits dénonce une "rupture d'égalité". La mairie, elle, défend l’intérêt du projet et annonce notamment la mise en place d’une navette.
"On lâche rien, on continue", commente le collectif pour le maintien des bus en centre-ville de Saint-Denis, en publiant sur Facebook un courrier de la Défenseure des droits en charge du pôle service public, Maud Violard. La lettre, datée du 1er mars, annonce que l’autorité administrative "a saisi les services de la mairie" alors que le collectif réclame le rétablissement de six arrêts de bus supprimés dans le cadre des travaux de réaménagement de l’hypercentre.
"L'instruction de votre dossier sera d’une durée variable", indique le courrier, qui promet des "conclusions définitives dans les meilleurs délais".
"Nous sommes satisfaits, nos demandes sont enfin prises en compte alors que le tribunal administratif n’avait même pas examiné notre demande. Enfin une institution réagit", explique Nelly Angel, membre du collectif, à France 3 Paris Île-de-France.
"Les gens sont en colère. C'est une rupture d'égalité sociale. Dans nos quartiers, on a une supérette et une boulangerie par exemple, mais toute l’offre culturelle et commerciale et tous les services au sens large sont au centre-ville : laverie, banque, coiffeur, cinéma, centre de radiologie… Il n’y a plus de ligne directe, avant on mettait 15 minutes", pointe du doigt Nelly Angel, à propos des déviations des bus 153, 239 et 253.
"On veut réduire l’impact au maximum"
Du côté de la mairie de Saint-Denis, Katy Bontinck, la première adjointe en charge notamment de la rénovation urbaine, estime qu’il s’agit d’une "démarche très courante". "Ce n’est ni une étape judiciaire ni une entrave au projet. On va répondre très sereinement à ces sollicitations, il faut pouvoir expliquer le réaménagement et les palliatifs qu’on met en place", déclare-t-elle.
"Lors d’une réunion publique samedi, on a proposé plusieurs solutions d’amélioration en annonçant deux évolutions. D’abord, nous allons mettre en place en septembre une navette dédiée aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite, en récréant une boucle directe avec le quartier Floréal - Saussaie - Courtille et le centre-ville. Il y a aujourd’hui un changement sur le trajet, on comprend que ça peut être compliqué. A ce stade, la navette sera en place trois jours par semaine, pour le marché", explique l’élue.
Katy Bontinck indique également que le terminus de la ligne 239 sera "remonté" à la porte de l’hypercentre. "On travaille avec IDF Mobilités sur une solution, pour gagner 400 mètres. Sur les six arrêts fermés actuellement en raison des déviations, il n’y aura plus que trois arrêts fermés après cette évolution. On veut réduire l’impact au maximum", assure-t-elle.
"On ne veut pas relâcher la pression"
La première adjointe fait aussi valoir "la forte densité des transports" à Saint-Denis. "Il y a déjà trois trams, un métro, une vingtaine de lignes de bus… Et on parle de déviations qui passent à quelques centaines de mètres", détaille-t-elle.
L’élue maintient par ailleurs "l’ambition fondamentale du projet" : "Une route coupait l’hypercentre en plein milieu, et rendait l’aménagement impossible. On a besoin de faire un parc urbain boisé à cet endroit avec des aires de jeux et des fontaines. Aujourd’hui, il y a une place minérale sans arbre. Si on laisse l’hypercentre en l’état, les habitants devront faire face à des températures extrêmes à l’avenir. Et les populations précarisées seront les premières victimes du réchauffement climatique. On a besoin d'améliorer le cadre de vie. Et les bus de la RATP ne roulent pas sur des petites places, il y a des contraintes de sécurité."
Les déviations des lignes 153 et 253 resteront ainsi en place. Pour ce qui est du collectif d’habitants, créé en mars 2023 après avoir pris connaissance du projet d’aménagement, Nelly Angel met en avant une pétition ayant réuni 5 800 signatures. "On refera peut-être un rassemblement lors du prochain conseil municipal en avril, on attend la date, annonce-t-elle. On ne veut pas relâcher la pression."