La mairie a dévié trois lignes de bus de l'hypercentre pour végétaliser et piétoniser l'endroit. Une décision critique par celles et ceux qui habitent en périphérie.
Devant l'arrêt de bus local, les habitants d'une cité entament un long périple à destination du centre-ville de Saint-Denis. Avant, leur trajet était direct mais depuis l'été dernier, les bus sont déviés et ça change tout : "C'est comme si, pour moi, le centre-ville n'existait plus", se plaint une résidente, "ça peut même mettre en retard, on est obligés de prendre la voiture, ce n'est pas écolo", ajoute un autre.
Pour aller au marché, il faut partir à 9h et on revient à 12h30 en étant resté 30 minutes au marché.
Nelly Angel, membre du collectif pour le rétablissement des bus en centre-ville
Nelly Angel est membre du collectif pour le rétablissement des bus en centre-ville et elle s'inquiète surtout pour "l'isolement des vieux dans notre quartier. "On voit des vieux pleurer tous les jours", ajoute-t-elle.
Pour aller au marché dans le cœur de ville, Nelly prend un bus puis un tram. Cette retraitée mettait 15 minutes pour aller faire ses courses, aujourd'hui, il lui faut deux à trois fois plus de temps : "Pour aller au marché, il faut partir à 9h et on revient à 12h30 en étant resté 30 minutes au marché".
Moins de bus pour marcher plus
Les arrêts de trois lignes de trois quartiers différents ont été déplacés. 5 000 personnes ont signé une pétition pour le maintien de ces bus, un collectif a introduit des recours au tribunal administratif, au conseil d'Etat, des lettres ont même été écrites au maire, sans succès. "Il (le maire de Saint-Denis, NDLR) veut complètement gentrifier le centre-ville. Il ne veut plus que les gens des quartiers, qui sont une population défavorisée avec des jeunes en difficulté, viennent au centre-ville", accuse Pascale Mercier, collectif pour le rétablissement des bus en centre-ville.
Une "fausse polémique" selon la mairie. La décision est ferme et définitive. Les élus veulent piétonniser et végétaliser Saint-Denis. "Quelques centaines de mètres de déplacement pour des personnes qui n'ont pas de mobilité réduite c'est aussi une ambition. Saint-Denis doit être une ville marchable (sic), une ville pour le vélo, pour les mobilités douces et donc c'est ça aussi l'ambition que l'on a", argumente Katy Bontinck, adjointe (PS) au maire de Saint-Denis.
Le service de navettes municipales dédié aux seniors et aux personnes à mobilité réduite sera renforcé. Pour les autres, il faudra marcher.