En Seine-Saint-Denis, les partis de gauche et les écologistes font liste commune dès le premier tour pour conserver la majorité au Conseil départemental. Avec le Parti communiste, des accords ont été signés "au cas par cas". 21 cantons sont à renouveler.
"C’est historique", se félicite Stéphane Troussel, le patron du département pour évoquer l’union des gauches et des écologistes en Seine-Saint-Denis. A la tête du département depuis 2012, il connaît les divisions fratricides entre les différents courants de gauche et notamment les socialistes et les communistes.
"Oui, c’est historique connaissant l’histoire de la gauche dans ce département qui a été marquée par des débats et des différences et disons-le des divisions", répète-t-il.
L'Union des gauches...
Cinq sensibilités de gauche se sont donc rassemblées, les socialistes, les écologistes d'EELV, les Radicaux de gauche, Générations.s et la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS). L’union a été annoncée dans une déclaration commune le 14 avril dernier. Objectif : conserver la majorité au conseil départemental dans un territoire, la Seine-Saint-Denis, où l'abstention est reine et la droite de plus en plus présente.
Les tractations entre partis ont débuté il y a déjà plusieurs mois suivies du lancement d’une plateforme participative en octobre dernier pour élaborer un projet commun. Une initiative alors saluée par des maires comme Patrick Bessac (PCF) à Montreuil ou des personnalités engagées du département.
"Si nous avons réalisé cette union, c'est que nous portons des valeurs commune, des ambitions communes et un projet commun pour la Seine-Saint-Denis", estime le président du conseil départemental.
"Mais la réalité c’est que nous avons réalisé un certain nombre d’actions dans le département grâce à une majorité de gauche très large depuis 6 ans", assure-t-il.
Des propos confirmés par la secrétaire départementale du parti communiste, Nathalie Simonnet. "Nous faisons partie de la majorité départementale. Nous votons le budget", confirme-t-elle.
... sans le PCF et LFI
Pourtant le parti communiste lui n'a pas signé la déclaration commune mais a scellé des accords électoraux au cas par cas. "Des discussions ont été menées avec les dirigeants du PCF de Seine-Saint-Denis et le Parti socialiste. Des accords ont été faits au cas par cas pour ne pas gommer le débat qu’il y a entre le PS et le PC", explique Gilles Poux, le maire communiste de la Courneuve.
"Quand il n’ y a pas de danger de droite, c’est bien que les idées, que la démocratie s’expriment dans leurs différences. Mais on prend nos responsabilités pour que le département ne bascule pas à droite", assure la secrétaire départementale du PCF.
14 ou 15 cantons sur les 21 à renouveler sont concernés par "ces accords au cas par cas". Comme à Saint-Ouen, un canton actuellement à droite, convoité par la gauche où le maire socialiste Karim Bouamrane, fort de sa victoire aux dernières municipales se présente avec la communiste Emilie Lecroq face au duo William Delannoy (UDI) et son ex-adjointe Marina Venturini.
"Hier j’étais à Saint-Ouen aux côtés du maire et d'Emilie Lecroq. Ce canton est aujourd’hui détenu par la droite. Mais Saint Ouen est une Seine-Saint-Denis en miniature. Il y a tous les thèmes de la Seine-Saint-Denis : les défis des JO, le transport, le développement économique, l’aménagement du territoire et aussi beaucoup de fragilité : une rénovation urbaine qu’il faut prolonger. La ville a été maltraitée par la précédente équipe municipale", dénonce Stéphane Troussel qui se félicite de ce duo PS/PC.
Pour la gauche, il s'agit également de ne pas reproduire les erreurs des élections municipales de 2020 où l'émiettement des listes de gauche a permis par exemple l'élection de Karine Francklet (UDI) à Aubervilliers un bastion du communisme. Ici aussi, un ticket socialiste et communiste se présente pour le renouvellement du canton.
Autre absent de cette déclaration commune, La France Insoumise. Un parti qui fait néanmoins alliance avecle PCF notamment sur la circonscription de Tremblay-Montfermeil. Le tandem est composé de Dominique Dellac (PCF) et Pierre Laporte (LFI) que Stéphane Troussel soutient. L'Union des gauches n'a pas présenté de candidat. Il y a 6 ans dans ce canton, Jordan Bardella, tête de liste RN aux régionales, était arrivé en tête au premier tour.
"Je considère également que LFI fait partie de ce rassemblement. Je vais soutenir le binôme LFI et communiste à Tremblay en France", affirme-t-il conscient du danger de l'extrême droite.
Et Stéphane Troussel de poursuivre : "La diversité de la gauche ne nous empêche pas de nous unir pour porter un projet commun. Les élections départementales sont majeures pour la vie quotidienne des habitants de la Seine-Saint-Denis face aux enjeux qui nous attendent."
5 cantons stratégiques
Cinq cantons s'avèrent décisifs pour les prochaines élections départementales au vu des résultats des dernières élections municipales et de la percée des voix de droite : Saint-Ouen, Aubervilliers, Sevran-Villepinte, Noisy-le-Grand et Tremblay-en France.
"Pour les prochaines cantonales effectivement il faut que nous soyons prudents et qu’on crée une vraie campagne de premier tour pour mobiliser tout l’électorat de gauche car le risque de basculement du Conseil général à droite n’est pas exclu. Ca se joue à rien du tout", s'inquiète le maire de la Courneuve .
"Aujourd’hui la question des élections n’est absolument pas dans la tête des citoyens. Ils sont plus préoccupés par le comment je vais me faire vacciner, ou comment je vais survivre à cette crise sanitaire, qui a aggravé toutes les inégalités économiques et les difficultés de vie", conclut Gilles Poux.