"En cas d'incendie, le lycée de type Pailleron peut brûler en 5 min" : inquiétude et colère des enseignants du lycée Paul Eluard

Des portes coupe-feu sont cassées et des infiltrations d'eau sont toujours actives... Une commission de sécurité vient de rendre un avis défavorable à la poursuite d'activités si des mesures ne sont pas prises au lycée Paul Eluard de Saint-Denis qui accueille près de 2 000 élèves.

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Des prises défectueuses, des systèmes de protection électrique en mauvais état, des portes coupe-feu qui ne fonctionnent plus depuis une décennie, des câbles électriques coupés encore sous tension restés dans des faux plafonds... Dans une lettre adressée au Conseil régional, des personnels de lycée Eluard énumèrent les nombreux dysfonctionnements qui menacent l'intégrité de l'établissement.

En mai 2023, des professeurs et des élèves alertaient déjà que leur lycée prenait l'eau, mais aujourd'hui, celui-ci présenterait un risque d'incendie. C'est en substance, ce que révèle un rapport émis par une commission communale de sécurité à Saint-Denis. Fin décembre, cette commission a évalué l'état de conformité électrique de l'établissement et a émis un avis défavorable à la poursuite d’activités dans plusieurs bâtiments de la cité scolaire.

De l'eau qui suinte et des dispositifs électriques non conformes, une grande partie des personnels craint aujourd'hui le pire. Le tweet posté le 6 janvier en dit long sur leur anxiété : "Nous avons appris qu'en cas d'incendie, le lycée, de type Pailleron, peut brûler en 5 min et des fumées toxiques se propager en 2 min". Ce sont des mots qui ont été entendus "par un collègue lors d'une réunion pendant le passage de la commission sécurité", précise Tony Tremblay cosecrétaire du SNES -FSU 93.

Désaccord sur la dangerosité

Le 7 janvier, 57 professeurs et agents ont exercé leur droit de retrait en raison d'un danger grave et imminent. "Au cours d'une réunion qui a suivi, la direction académique a dit que le danger n'était pas évident puisqu'il était présent depuis plusieurs mois et qu'il n'y avait pas eu de sinistre", rapporte Tony Tremblay.

Interrogée à ce sujet, la Région qui a la compétence pour l'entretien et le fonctionnement des lycées renchérit. Au passage, le conseiller régional LR en chargé de la jeunesse, Geoffroy Carvalinho montre du doigt certains usagers, responsables selon lui, des dégradations constatées.

"Si c'était vraiment dangereux, ils (les membres de la commission) auraient fermé le lycée mais dans leur avis, c'est l'établissement qui a eu quelques défaillances dans la gestion et surtout, des portes couvre-feux ont été cassés", déclare-t-il.

Un établissement "vétuste" fondé en 1965

Un discours accusateur qui exaspère ce professeur qui enseigne depuis six ans à Paul Eluard. Les dégradations volontaires de certains élèves n'expliquent la vétusté générale du lycée fondé il y a 60 ans, selon ce professeur qui témoigne sous l'anonymat.

"Chaque personne travaillant dans cet établissement à des difficultés matérielles tous les jours. Ça peut être le réseau internet qui ne fonctionne plus, l'électricité qui dysfonctionne, une plaque du plafond qui tombe, une fuite d'eau dans un bâtiment. Et avec tout ça mis bout à bout, quand on nous annonce un risque d'incendie, tout le monde a peur !"

Le rapport de sécurité de commission de sécurité de décembre est pour l'instant sur la table du maire de Saint-Denis, "à la signature". Tony Tremblay, par ailleurs membre du comité hygiène sécurité et conditions de travail, l'attend avec impatience.

Dès à présent, les personnels réclament en urgence l'installation de portes coupe-feu, des prises électriques aux normes, des alarmes en état de marche avant la fin de l'hiver, mais aussi un renfort de l'équipe de maintenance "en sous-effectif chronique".

Les personnels ont reçu l'assurance de la Région que des demandes liées au risque incendie seront traitées. Mais pas avant le 1er semestre 2025, déplorent-ils. Selon le syndicat Sud Éducation 93, "la commission de sécurité demandera en septembre 2025 à la préfecture une fermeture administrative du lycée si rien n’est fait."

Au-delà de ses mesures d'urgence, le lycée Paul Eluard va faire l'objet en 2026 d'une lourde opération de rénovation énergétique financée par le Conseil régional à hauteur d'environ 40 millions d'euros.

Une promesse de chantier qui n'apaise pour autant les inquiétudes de la SNES -FSU 93. "Des travaux aménagements, une mise en sécurité etc., c'est l'arlésienne ! Ça fait des années que les collègues ne voient rien venir. Ils entendent ça depuis des mois voire des années et le bâti est toujours aussi dégradé", ironise le co- secrétaire du syndicat.

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