Stoppés net par le confinement, les chantiers de mise en accessibilité des gares ont repris en région parisienne. Objectif fixé par Île-de-France Mobilités : 60% du réseau ferré francilien accessibles aux personnes à mobilité réduite à l'horizon 2024. Un calendrier ambitieux au regard des chantiers.
Aux abords de la gare de Saint-Denis, une vaste structure de béton et d'acier est en cours d'assemblage. De loin, on dirait un immeuble en train de sortir de terre. En réalité, il s'agit du futur passage souterrain géant destiné à faciliter la circulation des voyageurs dans l'une des dix gares les plus fréquentées d'Île-de-France.
Un ouvrage, qui sera "rippé", c'est-à-dire glissé, en quelques heures seulement, sous les voies ferrées à la fin de l'été 2020. Colossale entreprise, à l'image du programme de mise en accessibilité des gares d'Île-de-France : 268 gares, SNCF et RATP confondues, devront être accessibles aux personnes à mobilité réduite pour les Jeux olympiques de Paris. Soit une gare à livrer toutes les trois semaines, d'ici 2024.
A Saint-Denis, le souterrain de 10 mètres de large est l'un des nombreux ouvrages sur ce chantier de modernisation de la gare de Saint-Denis / L'Île-Saint-Denis. Avec 90.000 voyageurs quotidiens, il s'agit d'un nœud essentiel de correspondance entre les lignes H du Transilien et le RER D. Sans compter les Thalys, Eurostar et autres TGV qui traversent la gare chaque jour.
Problème récurrent dans les gares d'Île-de-France : la hauteur des quais, inadaptée au matériel roulant, comme par exemple les rames de type "Francilien". "Aujourd'hui, le quai est bas. Notre objectif est de rehausser le quai de 30 à 40 centimètres de façon à ce qu'il arrive à la bonne hauteur", explique Jimmy Thibault, directeur d'opérations chez SNCF Réseau.
Objectif : 60% du réseau ferré accessible pour les Jeux olympiques de 2024
Epidémie de Covid-19 oblige, les travaux ont toutefois été interrompus durant le premier mois du confinement. A l'heure de la reprise, la feuille de route reste bien remplie : rendre 60% du réseau ferré accessibles aux personnes en situation de handicap, d'ici les Jeux olympiques de Paris 2024. Une obligation faite par Île-de-France Mobilités, l'autorité régulatrice des transports en région parisienne, moyennant une enveloppe de 1,4 milliard d'euros.
La SNCF doit ainsi aménager 209 gares, "soit 95% du trafic voyageurs", explique Martine Berçot, directrice adjointe du programme accessiblité SNCF Île-de-France. Installation d'ascenseurs et d'escaliers mécaniques, parvis inclinés, quais rehaussés, passages élargis... Entre 2009 et 2019, "107 gares ont été mises en accessibilité", précise Martine Berçot, une soixantaine de gares SNCF étant en chantier cette année.
Dans beaucoup de gares, les travaux principaux ont été menés en un an ou deux. Mais pour obtenir l'ouverture des ascenseurs, il faut attendre plusieurs mois, voire plusieurs années !
Des aménagements pourtant pas toujours satisfaisants pour les usagers des transports. "Dans beaucoup de gares, les travaux principaux ont été menés en un an ou deux. Mais pour obtenir l'ouverture des ascenseurs, il faut attendre plusieurs mois, voire plusieurs années !", déplore Marc Pélissier, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) Île-de-France.
Pont de l'Alma #RERC : les travaux de l'accès principal ont progressé mais la date de fin avec mise en service des ascenseurs reste inconnue... pic.twitter.com/eZtmJONOjX
— AUT FNAUT IdF (@Asso_usagersidf) June 19, 2020
C'est le cas le long du RER C, à la gare de Javel, dont les ascenseurs restent bloqués par des barrières de chantier, malgré la fin des travaux de mise en accessibilité prévue initialement... en 2018. Ou encore, à la gare du Pont de l'Alma : là aussi, la date de "mise en service des ascenseurs reste inconnue", remarque la FNAUT.
"Il y a eu un temps de retard sur la mise en œuvre du financement. Il est désormais acquis", poursuit Marc Pélissier. "Par contre, les travaux se trouvent en simultané avec d'autres besoins tout aussi urgents, comme la régénération du réseau, l'interconnexion avec le Grand Paris, etc. SNCF Réseau a énormément à faire", reconnaît-il. Des retards de calendrier scrutés de près par Île-de-France Mobilités, qui n'hésite pas à rappeler SNCF Réseau à ses obligations.
4 Franciliens sur 10 en situation de mobilité réduite
L'enjeu est en effet de taille pour la région parisienne. Selon une étude réalisée en 2014 par Île-de-France Mobilités, si 4,7% des Franciliens ont un handicap reconnu, quatre habitants de la région parisienne sur dix sont en réalité "en situation de mobilité réduite un jour donné". Il peut s'agir de personnes en situation de handicap, de femmes enceintes, ou de voyageurs transportant un bagage encombrant.
"Il y a des gares qui sont impossibles à aménager. L'APF l'envisage. Mais on demande que les gares qui peuvent l'être le soient", explique Pierre-Emmanuel Robert, de l'APF France handicap, qui cite en exemple les aménagements "bien pensés" récents de la gare Luxembourg sur le RER B.
Qu'est-ce qui explique le niveau insuffisant d'accessibilité en France en 2020 ? C'est une question que je me pose depuis longtemps.
Reste un constat pour l'Association des paralysés de France : "L'inertie générale de la société", lorsqu'il s'agit de handicap. "Qu'est-ce qui explique le niveau insuffisant d'accessibilité en France en 2020 ? C'est une question que je me pose depuis longtemps", analyse Pierre-Emmanuel Robert. Loi handicap de 2005, schéma directeur d'accessibilité dans les transports franciliens de 2015... Entre les textes et la mise en oeuvre, il reste un long trajet à accomplir.
Cette semaine, #Parigo vous emmène au cœur des chantiers @SNCFReseau @GdParisExpress & @RATPgroup
— Bertrand Lambert (@B_Lambert75) June 25, 2020
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