Déjà visée par plusieurs abus, la société privée Streeteo – en charge de la verbalisation à Paris – doit maintenant affronter les réclamations de personnes handicapées. Mais les réclamations restent lettre morte : l’entreprise a un intérêt financier à ne pas répondre.
C'est une véritable double peine pour les automobilistes handicapés à Paris. D’un côté, Streeteo – chargée de la verbalisation dans la capitale – a verbalisé des personnes handicapées, sans vérifier la présence de carte handicapée. De l’autre, les réclamations qui visent la société restent jusqu’ici lettre morte.
Pour André-Jacques Andrieux, atteint de polyarthrite, il est impossible de marcher plus de 40 mètres. Alors qu’il conteste trois FPS indus (pour Forfait Post Stationnement, le nouveau nom du PV), il ne compte pas baisser les bras.
11 mois de bataille administrative et une saisie administrative du compte bancaire
Sans aucune réponse après 11 mois de bataille et de nombreux formulaires remplis, l’homme –âgé de 90 ans – a dû faire face à une saisie administrative sur son compte bancaire.Un exemple parmi tant d’autres à Paris : la Ville, qui a choisi Streeteo pour contrôler 94 000 places de stationnement, est consciente du problème.
« Il y a des abus de verbalisation auprès de personnes en situation de handicap, reconnaît Nicolas Nordman, adjoint à la Maire de Paris. C’est tout à fait inacceptable. »
Contactée par France 3 Paris Île-de-France, Streeteo se défend via un communiqué : « Si un FPS a été délivré du fait de l’absence ou de l’apparente non-conformité d’une carte signalant un handicap alors que ce statut de handicap est in fine avéré, la personne qui a reçu le FPS pourra le contester sans difficulté en apportant la preuve de son état et obtenir ainsi facilement l’annulation de son FPS. »
Une pénalité financière de 10 000 euros, reconductible
Facilement ? Pas vraiment. L’enjeu financier est important pour la société : d’après l’avocat Maître Eric Morain, les annexes du contrat qui lie l’entreprise à la mairie prévoient une pénalité financière de 10 000 euros, reconductible, « lorsque le nombre de recours gagnés par les usagers est trop élevé ».Pour les cas indiscutables comme celui des handicapés, on comprend mieux pourquoi la réponse se fait attendre. Les recettes du stationnement auraient été multipliées par quatre dans la capitale depuis le recours aux sociétés privées.
Au mois de juin prochain, la mairie devrait lancer la numérisation des immatriculations qui donnent droit à une carte handicapée, en espérant limiter le nombre de dysfonctionnements.