Interdiction du port de l'abaya : "nous n'avons pas à faire la police du vêtement", s'indignent des professeurs

Un collectif de professeurs et personnels de l'éducation du lycée Maurice Utrillo de Stains en Seine-Saint-Denis appelle à un mouvement de grève à partir de mercredi. En cause, l'interdiction du port de l'abaya au lycée et le manque de moyens pour assurer la rentrée dans cet établissement.

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"Ce matin, ils ont embêté une gamine. Le référent laïcité a décidé que ce qu'elle portait, n'était pas convenable. Je ne comprends pas... Alors que ce qui compte pour cette rentrée concernant l'accueil des élèves, ( ... ) c'est que les conditions d'enseignements soient décentes".

Benoît Del Torchio, professeur SVT au lycée Maurice Utrillo à Stains en Seine-Saint-Denis ne décolère pas. Pour lui et pour d'autres professeurs, conseillers principaux ou assistants d'éducation de ce lycée, la note de service envoyée par Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, interdisant le port de l'abaya, cette robe longue portée par certaines femmes de confession musulmane, passe plutôt mal.

"Nous ne sommes pas dupes ! Il est clair que la politique islamophobe lancée par le gouvernement (...) cherche à cacher les attaques qui sont faites contre le système d'éducation", peut-on lire dans un tract rédigé par un collectif d'enseignants et personnels de l'éducation de ce lycée polyvalent de 1200 élèves.

Derrière la polémique sur l'abaya, Benoît Del Torchio déplore avant tout lors de cette nouvelle rentrée, "les postes non pourvus : celui d'une infirmière, un poste de CPE en moins, des heures d'enseignements perdues, l'explosion des classes pro de seconde ( ...), toujours moins de personnels encadrants et toujours autant d'élèves".

Mercredi, lui et certains de ses collègues, appellent à une grève des personnels dans l'établissement. Une assemblée générale est prévue à la mi-journée devant le lycée pour dénoncer une note qui les conduit "à faire une police du vêtement" et "exiger des moyens pédagogiques et éducatifs". Le collectif à l'origine de ce mouvement espère rallier à leur cause des parents d’élèves, des élèves et d'autres professeurs de lycées de l'académie de Créteil.

"Une inégalité de plus"

L'appel à la grève dans ce lycée est largement soutenu et relayé par le SNES-FSU de Seine-Saint-Denis, le syndicat d'enseignement du second degré. Avec cette note, "on met en place une laïcité de l'exclusion", dénonce Grégory Thuizat, cosecrétaire départemental du SNES-FSU 93. "On a un système scolaire inégalitaire, et on va rajouter une inégalité et un arbitraire de plus à l'entrée des établissements en raison de la religion supposée de telle ou telle élève à qui on va interdire l'accès d’un établissement", déplore le représentant syndical qui estime que la note risque de créer "des humiliations supplémentaires pour des élèves renvoyés chez eux".

Interrogé sur BFMTV-RMC ce mardi matin, le ministre de l'éducation Nationale, Gabriel Attal a annoncé que 298 élèves s'étaient présentés lundi en abaya dans leur établissement scolaire. "Une très grande majorité s'est conformée" à l'interdiction, mais "67 n'ont pas accepté" de la retirer et "sont rentrées chez elles" a déclaré le ministre.

L'interdiction du port de l'abaya et du qamis, version masculine de l'abaya, a fait l'objet d'un référé-liberté devant le Conseil d'Etat, une requête déposée par l'association francilienne Action Droits des Musulmans.

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