Les riverains ont profité de la rentrée scolaire pour exprimer une nouvelle fois leurs craintes. Ils s’inquiètent notamment de la présence de produits toxiques sur le site de l’ancienne usine SNEM qui a été démolie cet été. Des logements doivent y être construits d’ici à la fin 2025.
En ce jeudi de rentrée des classes, l’ambiance est tendue à l’école Jules Ferry de Montreuil. Dès 8 heures ce matin, des membres du collectif de vigilance sur la dépollution de la SNEM (Société nouvelle d’eugénisation des métaux) se sont réunis devant l'établissement pour prévenir les nouveaux parents d’élèves, des risques liés à la démolition de l’usine, située à une cinquantaine de mètres seulement de l’école. "Une situation pareille, ça inquiète tous les parents", souffle un père venu accompagner sa fille.
Des travaux de démolition estivaux
L’opération de démolition avait été présentée en réunion publique le 28 juin dernier avant le démarrage des travaux en août. Mais pour Nicolas Barrot, membre du collectif de vigilance sur la dépollution de la SNEM, aucune protection n’a été prise : "La loi exige que des études complémentaires soient faites avant de détruire un bâtiment industriel et de le transformer en habitations, tout ça n’a pas été fait." Cet été, la présence de poussières pendant le chantier a fait craindre au collectif la remontée de substances toxiques.
De son côté, Florent Gueguen, président de l’OPHM (Office public de l’habitat Montreuillois), s’est voulu rassurant. Présent, aux côtés des parents ce matin, il assure que "des études sont faites en permanence (sur le bâtiment). Elles ont été faites avant le démarrage du chantier, elles sont faites pendant le chantier (…). Plus on peut faire de tests et rassurer la population, et plus on arrivera à faire accepter ce chantier". L’élu ajoute que la préfecture de Paris a déjà analysé les composants du bâtiment, et que les gravats ont été déclaré "inertes".
Le Chrome VI, une substance cancérigène
L’étude des sols, elle, ne pourra commencer qu’une fois le bâtiment entièrement démoli. En attendant, les dalles de béton ont été recouvertes pour éviter l’infiltration des eaux de pluie. L’OPHM assure par ailleurs que tous les déchets sont triés et tracés. Mais pour le collectif, ces précautions ne suffisent pas, il y a urgence à agir. À l’aide de sacs, de pelles et de gants, ses membres ont effectué des prélèvements de terre et de gravats ce matin afin de les faire analyser par un laboratoire indépendant. Pour eux les tâches jaunes, présentes sur le sol, témoignent de la présence de Chrome VI, un produit cancérigène longtemps utilisé par l’usine.
En 2017, déjà, le collectif s’était mobilisé suite à la découverte de 3 cas de leucémie en 15 ans dans le quartier. Il dénonçait notamment l’impact du Chrome VI sur la santé. Cette pression des riverains, ainsi qu’une baisse des commandes, avait conduit la SNEM à un placement en liquidation judiciaire en 2018.
En 2021, après 4 ans d’abandon, le terrain a été préempté par la mairie de Montreuil et confié à l’OPHM. Fin 2025, une quarantaine de logements sociaux doivent y être construits. D’ici là, les habitants seront conviés régulièrement au comité de suivi du chantier.