À Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, l'équipementier automobile MA France qui emploie 280 personnes, a été placé ce lundi en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Les salariés de l'usine sous-traitante de Stellantis, sont en grève depuis le 17 avril.
Le tribunal de commerce de Bobigny a placé lundi en liquidation judiciaire l'équipementier MA France, dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis, employant 280 personnes à Aulnay-sous-Bois et sous-traitant du géant de l'automobile Stellantis.
Plus d'une centaine d'employés de MA France ont convergé lundi après-midi devant le tribunal judiciaire de Bobigny pour demander au procureur de faire appel de la décision de la cessation d'activité, a constaté une journaliste de l'AFP. Un important dispositif policier bloquait l'accès au tribunal.
Une délégation syndicale de l'équipementier, accompagnée des députées LFI Aurélie Trouvé et Nadège Abomangoli, a été reçue par le procureur de Bobigny, Eric Mathais. "Le procureur ne ferme pas la porte à un appel", a déclaré le secrétaire général de l'Union départementale CGT 93, Kamel Brahmi, à l'issue du rendez-vous.
En grève depuis le 17 avril
"Ce qui est en train de se passer est très violent. En un mois, on perd nos emplois", a déploré Franck Ermagan, ouvrier âgé de 45 ans, chez MA France depuis 17 ans.
"On nous jette à la porte comme des malpropres, sans négocier nos droits, sans prime. On n'a même pas le temps de se retourner pour chercher un emploi", s'est désolé ce pontier, dédié au déplacement de charges lourdes.
Les salariés de MA France, propriété du groupe italien CLN (7.000 salariés, chiffre d'affaires d'un milliard d'euros), sont en grève depuis le 17 avril pour sauver leurs emplois. L'entreprise emboutit des pièces essentielles de carrosserie pour les petits utilitaires Peugeot ou Citroën et aussi pour Renault. Le tribunal de commerce de Bobigny n'a pas maintenu les activités de l'entreprise en attendant sa liquidation par des mandataires.
"Des difficultés structurelles de compétitivité"
La mobilisation des ouvriers de MA France a mis à l'arrêt trois usines de Stellantis pendant plusieurs semaines. Plus de 80% des pièces qui sortent de chez cet équipementier sont destinées au groupe automobile franco-italo-américain. Le ministre français de l'Industrie Roland Lescure a demandé à Stellantis et Renault d'accompagner les salariés de MA France, en marge de la signature du contrat de filière automobile, à Bercy, il y a une semaine.
Selon Stellantis, MA France "rencontre des difficultés structurelles de compétitivité qui le handicapent dans l'acquisition de nouveaux marchés. Le contexte inflationniste (matière, main-d'oeuvre, énergie) impacte d'autre part sa rentabilité".
Les syndicats ont critiqué de leur côté le choix du géant de l'automobile de se délocaliser. Stellantis doit en effet commencer en 2025 l'assemblage de ses nouveaux utilitaires dans une usine turque.