Alors que la présidente du conseil régional souhaite rebaptiser l’établissement en lycée Rosa-Parks, invoquant des "prises de position récentes d'Angela Davis sur la France", le ministre de l'Education ne juge "pas opportun de changer le nom".
"Il ne me paraît pas opportun de changer le nom du lycée Angela-Davis" de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), estime Pap Ndiaye, dans un courrier dont l'AFP a eu copie mercredi. Saisi par Valérie Pécresse sur le sujet, le ministre de l'Education qualifie Angela Davis de "grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n'est obligé de partager tous les points de vue, mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles".
Fin mars, l'ex-candidate LR à la présidentielle avait refusé d'entériner ce nom, pourtant choisi dès 2018 par le conseil d'administration du lycée et validé par le maire de l'époque, en raison de "prises de position récentes d'Angela Davis sur la France". En 2021, l'universitaire américaine avait cosigné une tribune fustigeant la "mentalité coloniale (qui) se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés, comme en témoignent des mesures comme la dissolution du CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France)" ou "la loi contre le port du voile".
"Beaucoup de noms d'écoles et d'établissements scolaires puisent, et depuis longtemps, dans un vaste éventail de références qui ne font pas nécessairement 'consensus'", estime de son côté Pap Ndiaye, citant les écoles Karl-Marx ou Youri-Gagarine. Et "de très nombreuses écoles et établissements portent déjà le nom d'Angela Davis", ajoute le ministre pour qui "le nom de l'établissement" de Saint-Denis est aussi "entré dans l'usage".
Pap Ndiaye rappelle l'"attachement profond" pour la France d'Angela Davis
Enseignant-chercheur de formation et spécialiste de l'histoire sociale des Etats-Unis et des minorités, Pap Ndiaye souligne également l'"attachement profond" pour la France d'Angela Davis, dont le séjour à Paris en 1963 "fut décisif dans son engagement politique ultérieur".
Dans un communiqué publié mercredi, Valérie Pécresse estime que le ministre de l’Education "choisit de botter en touche" et "détourne les yeux des problèmes aigus de respect de la laïcité rencontrés dans certains de nos établissements scolaires, y compris, par le passé, dans le lycée en cause". "Le 'pas de vague' l'emporte sur la protection de nos idéaux républicains", estime l'élue de droite.
Si le personnel du lycée et la mairie ne trouvent pas de nom alternatif sous deux mois, Valérie Pécresse annonce qu’elle proposera en juin au conseil régional - qui a autorité sur les lycées - d'entériner le nom de Rosa Parks.
Avec AFP.