Une exposition autour du viol a lieu au cinéma le Méliès de Montreuil avant d'être présentée dans les lycées. Au programme : combattre les préjugés à travers les témoignages bouleversants de victimes.
"Tous les frères font comme ça", c'est le titre de l'ouvrage de Laurent Boyet. C'est surtout la phrase que son violeur lui a dite à chaque agression pendant 3 ans. À l'époque il avait 6 ans, son bourreau en avait 16.
"Très vite, j'ai compris que cette douleur terrible, c'était vraiment pour moi comme si j'étais coupé en deux, n'était pas normale et que les autres ne la connaissaient pas. C'est devenu une trahison parce que mon frère, c'était pour moi la personne qui ne pouvait pas me faire du mal, c'était la personne censée me protéger", raconte Laurent Boyer.
Plus de 300 viols par jour
Ce pyjama exposé aujourd'hui est identique à celui qu'il portait enfant lorsque son grand frère le violait. Ces tenues vestimentaires accrochées sur ces panneaux sont inspirées de celle des victimes au moment des faits. On peut lire aussi leurs témoignages.Selon le ministère de l'Intérieur, tous les ans sur le territoire français, 114.000 personnes sont victimes de viol, soit plus de 300 par jour. Les témoignages exposés ici ne sont qu'un échantillon. Les collectivités comme les associations en recueillent tous les jours.
Libérer la parole
Ce sont toutes des personnes qui en ont parlé pour la première fois d'une façon publique. Jusqu'à présent, elles s'adressaient à leur référent, leur conseillère conjugale, leur psychologue. Là, elles ont été beaucoup plus loin. "Ce sont des 'Monsieur et Madame tout le monde' et cela reste compliqué pour elles", explique Blandine Grégoire, association Jeunes et citoyenneté.On estime à seulement 10% le nombre de personnes qui portent plainte après un viol. Laurent Boyet espère que ce genre d'exposition libèrera la parole de victimes.