Radouane M’Hamdi, chef d’établissement dans un lycée de Seine-Saint-Denis et secrétaire départementale du SNPDEN-UNSA, propose d’inscrire l’éducation aux réseaux sociaux dans les programmes scolaires afin de lutter contre le harcèlement en ligne chez les jeunes.
La mort d’Alisha, une adolescente de 14 ans, frappée puis noyée par deux de ses camarades de classe à Argenteuil ce lundi a ravivé de nombreuses problématiques liées au harcèlement subit par certains adolescents sur les réseaux sociaux. Radouane M’Hamdi, chef d’établissement d’un lycée à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis, pose un diagnostic "alarmant" qui relève des "problèmes de harcèlement scolaire de plus en plus nombreux et complexes".
Face à cette constatation, il propose en tant que secrétaire départemental du Syndicat National des Personnels de Direction de l'Education Nationale d’inscrire dans les programmes scolaires l’éducation aux réseaux sociaux.
"Il faut sensibiliser les élèves à ces problématiques graves, afin qu’ils puissent en prendre conscience et agir en conséquence lorsqu’ils y sont confrontés", a-t-il confié à France 3 Paris Ile-de-France . Pour se faire, il demande, entre autres, le passage à 30 heures de vie de classe par an contre 10 actuellement.
Il concède également que l’école ne doit pas être le seul organe dépositaire de pédagogie en termed'éducation aux médias et aux réseaux sociaux « Il faut un travail collaboratif entre l’école, les parents d’élèves et les élus locaux pour que ces heures portent leurs fruits » déclare-t-il.
« Rendre les programmes pédagogiques accessibles à tous »
L’accessibilité et la compréhension des programmes par tous les acteurs qui participent à ce travail de sensibilisation sont une autre clé de sa réussite selon le principal. Le but premier de ces heures de vies de classe autour des réseaux serait de « sensibiliser, aider et accompagner » les jeunes pour encourager une utilisation plus saine de ces plateformes.
Le SNPDEN-UNSA entend lutter à travers ces programmes contre la surexposition des jeunes à des contenus inappropriés, voire malveillants sur les différents supports. Il s’agit pour le syndicat de mettre en œuvre des outils pédagogiques pour éviter des débordements et permettre à ceux qui se sentent en danger de le signaler et d’agir en conséquence.
Les parents d’élèves demandent plus de moyens humains pour la prévention contre le harcèlement
La Fédération des conseils de parents d’élèves de Seine-Saint-Denis souhaite aller plus loin dans la prévention contre le harcèlement.
Selon l’organisation, "il importe de donner plus de moyens d’échange et d’écoute aux médecins scolaires et aux assistantes sociales, à l’ensemble des adultes capables d’écouter, de prévenir et de sensibiliser sur toutes les formes de harcèlement".
La FCPE souhaite également que l'allocation d'eures déstinées à l'éducation aux réseaux sociaux et aux médias ne prennent pas la place d'heures déstinée aux matières "classiques" comme le français, les mathématiques ou encore l'histoire-géographie.
Alixe Rivière, co-présidente de la FCPE 93, déplore un manque de moyens humains pour répondre à ces problématiques de harcèlement de manière appropriée. Selon elle, une revalorisation des métiers de la médecine scolaire pourrait permettre de faciliter le recrutement de nouveaux médecins scolaires.
Une donnée que la fédération juge essentielle alors que la crise de la Covid éloigne les professionnels de santé scolaire des problématiques de harcèlement qui font elle aussi partie du quotidien des élèves et peuvent mener, comme le montre l’exemple du drame d’Argenteuil à des dérives graves.