Vidéo Tiktok au lycée Blaise-Cendrars : quatre professeurs convoqués après avoir dénoncé la vétusté de leur établissement

Quatre enseignants du lycée Blaise-Cendrars de Sevran (Seine-Saint-Denis) qui avaient participé à une vidéo, devenue virale sur le réseau social TikTok, dénonçant le mauvais entretien de leur lycée, étaient convoqués ce vendredi par leur hiérarchie. Ils ont reçu un rappel au réglement.

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"On est à Blaise-Cendrars, évidemment qu'on a un seau pour les fuites parce qu'on n'a plus de plafond." En une minute et demie, sur un ton à la fois fataliste et détaché, élèves et enseignants du lycée Blaise-Cendrars de Sevran dressent un tableau sombre de leur établissement, épinglant à la fois son matériel défectueux, son manque d'entretien et des conditions d'enseignement dégradées.

@lyceeblaisecendrars On est à Blaise Cendrars bien évidemment que … @Le Farfadet Physicien #lyceeblaisecendrars #pourtoi #fyp #seinesaintdenis #faitenouspercercestpourunevraicause #sevran #93270 #jeuneendetresse #lyceens ♬ son original - LyceeBlaiseCendrars

Publiée il y a une semaine, la vidéo a été vue plus de 2,6 millions de fois sur TikTok. Depuis une vingtaine de jours, enseignants, élèves et parents mènent des opérations pour réclamer plus de moyens pour l'école dans le département le plus pauvre de France métropolitaine. 

"Rappel au réglement"

Les quatre enseignants du lycée Blaise-Cendrars ont reçu ce vendredi un rappel au règlement, selon le personnel éducatif et de l'académie de Créteil. Ils se sont vu reprocher "de ne pas avoir respecté leur devoir de réserve, d'avoir organisé la vidéo et ne pas avoir respecté le droit à l'image des élèves", selon les propos des enseignants, rapportés au syndicat CNT-Education 93.

L'académie de Créteil a elle, estimé "tout à fait normal qu'un chef d'établissement qui constate un problème de positionnement d'un personnel relevant de son autorité le convoque". "Aucune procédure disciplinaire n'est engagée. Il n'est pas question ici d'exercice du droit syndical, et encore moins d'une volonté d'y porter atteinte", a-t-elle ajouté.

"Des reproches injustifiés", selon un représentant syndical

"Une démarche qui nous semble grandement correspondre à une logique d'intimidation", a ainsi estimé le personnel éducatif de Blaise-Cendrars dans un communiqué dénonçant la convocation. "C'était un entretien d'intimidation et c'est faux de dire qu'ils sont à l'initiative de la vidéo", a affirmé sous couvert d'anonymat une professeure de l'établissement.

Les syndicats enseignants avaient déjà réagi et dénoncé la convocation des 4 professeurs.

Selon Clément Bernard, représentant syndical du SNES-FSU au lycée Blaise-Cendrars, il est reproché à ces quatre professeurs de ne pas avoir respecté le droit à l'image des élèves. Un argument qui "ne tient pas" selon lui : "Les élèves se sont eux-mêmes filmés, ils ont monté la vidéo et ils l'ont diffusée", argue-t-il.

Le deuxième motif de leur convocation tiendrait à un "manquement" de leur droit de réserve. Là encore, ça ne tient pas selon Clément Bernard : "On est dans le cas d'une mobilisation départementale. Ces professeurs sont soit militants, soit des représentants syndicaux. Ils ne font que porter une voix, ils ont été factuels et n'ont fait aucun reproche à l'institution. Ils sont dans leur droit, dans le cadre d'un mouvement de grève", explique-t-il. 

Selon le représentant SNES-FSU, le compte-rendu de leur entretien pourrait figurer dans leur dossier au rectorat et pourrait leur être préjudiciable dans la suite de leur carrière, en cas par exemple de demande d'avancement de carrière ou d'un poste avec plus de responsabilité. "On sent de l'intimidation pour par qu'on ne parle. Ils sont abasourdis, l'une des professeurs est sortie en pleurs", ajoute Clément Bernard. 

Un rassemblement de soutien a eu lieu ce vendredi devant l'établissement. Le vice-président de la région Île-de-France en charge des lycées, James Chéron, a de son côté nié toute négligence concernant Blaise-Cendrars.

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