Dépôts de déchets, pollutions diverses… Disponible depuis fin 2018 en Île-de-France, la plateforme de France Nature Environnement vise à cartographier les atteintes à l’environnement. Plus de 200 "citoyens sentinelles" ont participé au projet à ce jour dans la région.
Le signalement, qui peut être enregistré via une application sur son téléphone ou via une plateforme dédiée, prend quelques secondes. Le dispositif "Sentinelles", lancé à l’origine en 2015 par des fédérations départementales de France Nature Environnement (FNE) en Auvergne-Rhône-Alpes, avant d’être entre autres étendu à la région parisienne fin 2018, permet à n’importe quel francilien d’indiquer une atteinte à la nature.
Une "interface entre les citoyens et les associations de protection" reposant sur la vigilance de chacun, comme l’explique à France 3 Paris Île-de-France Maxime Colin, juriste chez FNE et référent régional de "Sentinelles" : "L’objectif est de créer une cartographie participative. Il y a de plus en plus de préoccupations vis-à-vis de la protection de l’environnement, mais il peut parfois être difficile de savoir comment agir pour le climat. Là, ça permet un lien direct."
On oriente aussi vers les assos locales les plus proches et les plus pertinentes, pour avoir une expertise et prendre le dossier en charge selon les cas.
Dès qu’un signalement est effectué, FNE informe la personne en question de la réglementation existante et des enjeux et impacts écologiques liés au problème constaté. Pollution lumineuse, espèces dites "nuisibles"… "Tout le monde n’a pas forcément de connaissance sur le sujet, explique Maxime Colin. L’idée est aussi de conseiller la personne, et de proposer des actions qui peuvent être menées à son échelle. En orientant, par exemple pour un dépôt de déchets, vers la bonne institution à contacter. On oriente aussi vers les assos locales les plus proches et les plus pertinentes, pour avoir une expertise et prendre le dossier en charge selon les cas. C’est un premier pas vers l’écologie de l’action."
Les atteintes les plus signalées sont souvent "les plus évidentes et les plus visibles", détaille le juriste, qui évoque avant tout les dépôts illégaux de déchets. En jetant un coup d’œil à la carte, on peut par exemple citer un dépôt sauvage observé fin décembre 2018 à Nozay (Essonne), sur une terre agricole. Le site indique ainsi que les déchets ont été retirés par la mairie trois jours plus tard. "De notre côté, ça permet aussi de faire remonter des cas dont on n’avait pas tout le temps connaissance et de redéployer notre action", explique Maxime Colin.
Dépôts de déchets, pollution lumineuse, nuisances de voisinage…
Plus rare : le dispositif concerne également des nuisances de voisinage, "dont les assos ne vont pas forcément se saisir, mais sur lesquelles on peut conseiller", raconte le référent. En novembre 2018, un "citoyen sentinelle" a ainsi signalé "de vives odeurs émanant d'une installation de stockage de déchets" à Tancrou (Seine-et-Marne), s’inquiétant de la dangerosité de ces gaz pour sa santé, peut-on lire sur la plateforme."Après consultation de l'inspection des installations classées pour la protection de l'environnement (DRIEE), nous avons été informés de l'origine de ces odeurs, résume le site. Il s'agit d'émanations de biogaz, qui ont été particulièrement intenses en raison d'un début d'année 2018 particulièrement pluvieux, ce qui a mené l'exploitant à mettre en place un plan d'actions opérationnelles pour résoudre ces désagréments. Des travaux sont en cours sur l'un des casiers où sont traités les déchets, à la suite desquels les émanations de biogaz devraient décliner."
Mais le projet ne se limite pas aux atteintes à la nature, puisqu’il est aussi possible de signaler des "initiatives positives", comme par exemple une opération "Forêt Propre" à Meudon (Hauts-De-Seine) menée chaque année depuis 1982. La plateforme précise ainsi les contacts disponibles pour inviter à y participer. "A noter par ailleurs que les entreprises qui mènent des actions pour essayer de limiter l’impact sur l’environnement peuvent aussi les renseigner sur la carte", avance le juriste.
Dernier objectif visé par "Sentinelles" : "Inviter les citoyens à rester en contact avec un réseau local ou une association, s’ils le souhaitent". Maxime Colin explique enfin animer des ateliers thématiques, "pour échanger avec le public intéressé sur les enjeux écologiques et le cadre juridique, par exemple sur la commercialisation de produits phytosanitaires ou la pollution lumineuse". Pour ce qui est de la carte, le site recense en Île-de-France 208 "citoyens sentinelles", cinq "démarches engagées" et 12 signalements publiés.