Le ministre de la Santé a annoncé que des tests de dépistage rapides, dits "tests antigéniques", seraient déployés à partir d'aujourd'hui en Île-de-France. Réalisé à partir de prélèvements dans les narines, la méthode repère des protéines du virus en moins de 20 minutes. Explications.
Les queues interminables devant les laboratoires. Les jours d'attentes pour recevoir les résultats des tests. Pour mettre fin aux attentes de plus en plus longues, le ministère de la Santé mise désormais sur des tests rapides. Alors que les tests salivaires se font encore attendre, les tests antigéniques sont actuellement à l'essai dans certaines structures. "Cette semaine, en Ile-de-France, nous devrions commencer à déployer des tests antigéniques, qui sont des tests rapides, (...) on a 15, 20 minutes à attendre et on a le résultat", a ainsi annoncé Olivier Veran sur France Inter mardi 8. "On devrait démarrer à partir de mercredi à l'AP-HP", a-t-il ajouté.
Une évalutation en cours
Du côté d'Hôpitaux de Paris on relativise l'annonce du ministre en expliquant que les tests ne sont pas encore disponibles mais que cela ne va pas tarder: "L'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a évalué au cours de l’été 2020 sur 700 prélèvements congelés (moitié positifs, moitié négatifs) deux tests rapides antigéniques (TRA) de marques différentes. L’un des deux a montré une meilleure sensibilité même si elle reste inférieure à la méthode de référence : PCR" . A l’issue de cette première évaluation, l’Assistance Publique annonce avoir commandé 100 000 tests rapides, qui sont en cours de livraison. Le groupe poursuit en précisant que cette semaine démarrera "une évaluation de la faisabilité de ces tests et cette fois-ci qu'elle se déroulera en conditions réelles". Le but final est de permettre de "déployer à grande échelle à partir de mi-septembre ces opérations de dépistage".Comment fonctionne les tests antigéniques ?
A l'heure actuelle environ 140 000 tests sont effectués chaque jour. "Actuellement, le standard pour détecter un cas Covid est le test PCR. On recherche à partir de prélèvements dans les narines avec un écouvillon (sorte de long coton-tige), le matériel génétique du virus (l'ARN viral), il faut ensuite que ce prélèvement soit analysé en laboratoire, ce qui explique en partie les délais d’attente parfois longs avant d’avoir le résultat", explique Jean-Michel Carle, P-DG d'Eurobio Scientific, une société basée en région parisienne, spécialiste du diagnostic in vitro, et l'un des principaux fournisseurs d'équipements et de tests de diagnostic pour Covid-19.Plus rapides mais moins fiables que le PCR
Mais alors que le PCR nécessite une analyse lourde en laboratoire, pour détecter le matériel génétique du coronavirus, le test antigénique a l'avantage de repèrer les protéines du virus en quelques minutes, poursuit-il. "Le test antigénique rapide fonctionne sur le même principe que le test PCR, on glisse un écouvillon dans le nez et on prend un peu de mucus et de cellules". "Ensuite vous mettez ça dans un tube, vous secouez et vous placer le liquide sur une bandelette ou dans un tube avec un réactif (comme c'est le cas dans les tests de grossesse, NDLR). Le test antigénique rapide va détecter la présence ou non des protéines du virus. Le résultat est connu dans les 10 à 15 minutes . Le problème, pour l'instant du test antigénique rapide c'est qu'il n'est pas toujours aussi efficace qu'un test PCR", poursuit le président de la société d'Eurobio Scientific.Même analyse pour le Dr Michel Sala, médecin biologiste, directeur médical du groupe Cerballiance "avec le test antigénique, une personne peu infectée par le coronavirus peut apparaître négative alors que le test PCR l'aurait détectée positive. Le test antigénique est moins sensible et moins spécifique que le PCR, c'est-à-dire qu'avec ce test le risque est de rater des personnes positives au Covid-19 ou à l'inverse d'annoncer un test positif à des personnes qui ne sont pas contaminées. Il y a une marge d'erreur. Le plus prudent en cas de résultat négatif, est de confirmer le test antigène rapide par un test PCR", conclut-il.