La situation sanitaire en Île-de-France inquiète le gouvernement. Des évacuations de malades en réanimation sont organisées afin de les transférer certains patients vers des hôpitaux dans d'autres régions de France afuin de désengorger les services franciliens.
Comme un air de déjà-vu. Des patients Covid en réanimation transférés d’une région à une autre. Un an après la mise en place du premier confinement, ces images reviennent faire parler d’elles. Auparavant, c’était la région Grand-Est qui était au cœur du processus. Aujourd’hui, c’est l’Île-de-France qui "inquiète" le plus le gouvernement. Ses services de réanimation sont presque saturés. "Toutes les douze minutes, un francilien, nuit et jour, est admis en lit de réanimation en Île-de-France", avait affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’une conférence de presse jeudi dernier. Les chiffres sont alarmants dans la région. Le taux d’incidence dépasse les 400 cas positifs pour 100 000 habitants dans beaucoup de départements franciliens, et les autres s’en rapprochent dangereusement. L’Île-de-France compte par ailleurs , à ce jour, plus de 1100 patients dans les services de réanimations.
Devant cette situation le gouvernement a décidé d’évacuer certains patients de l’Île-de-France vers des hôpitaux dans d’autres régions du pays. Le but, désengorger les services de réanimation franciliens – soumis à une forte pression – mais aussi éviter un reconfinement de notre région. Ces évacuations ont commencé ce week-end par avion ou hélicoptère. Il y aura "probablement une centaine" de transferts la semaine prochaine indiquait ce dimanche le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui assistait sur le tarmac d'Orly aux évacuations par avion médicalisé de deux patients de 33 et 70 ans de l'hôpital de Meaux, en partance pour le CHU de Bordeaux.
Visite de @GabrielAttal ce matin à Paris-#Orly. L’aéroport participe à la logistique sanitaire mise en œuvre entre l’Île de France et les regions pour soulager les hôpitaux franciliens. pic.twitter.com/QSKDagVCha
— Groupe ADP (@GroupeADP) March 14, 2021
Quels patients sont éligibles à un transfert ?
Tous les patients ne sont pas transférables. Il faut "qu'ils soient dans un état stable" et que "les familles aient donné leur accord", expliquait ce week-end Frédéric Adnet, directeur du Samu de Seine-Saint-Denis. Il s’agit d’assurer la sécurité des personnes transférées. "L’état des malades en réanimation de la Covid-19 se dégrade vite. On veut éviter les risques. On préfère avoir des patients qui ont déjà passé quelques jours en réanimation et dont on sait que leur état ne va pas s’aggraver avec des conditions particulières depuis les dernières 24h", nous précise François Braun, président du Samu Urgence France. "On sélectionne un patient sur des critères médicaux. Il ne faut pas qu’il dépasse les 110 kilos, il faut qu’il soit stable depuis 24h en réanimation, et qu’on obtienne l’accord de la famille, et c’est ce qu’il y a de plus compliqué", ajoute-t-il, cela expliquant que c’est pour cela que le nombre de patients transférés n’est pas si élevé.
Comment se passe le transfert ?
Pour l’instant c’est par voie aérienne que l’on procède. Six transferts par jour seront organisés par voie aérienne à partir de ce lundi et une "opération plus massive" sera organisée en fin de semaine par TGV médicalisés principalement vers les Pays de la Loire, la Nouvelle Aquitaine et l'Occitanie, a prévenu Gabriel Attal ce dimanche. Nous risquons ainsi de voir à nouveau les images de ces patients allongés sur leur lit de réanimation, transportés dans des ambulances jusqu’au TGV, puis hissés à bord de civières portées à bout de bras par des infirmiers en combinaison. "On a les transferts unitaires, très fréquents, et les transferts de masse avec 24 patients par TGV. Cette dernière est une technique qui est aujourd'hui, avec l'expérience du premier confinement, parfaitement au point", explique François Braun. Une fois arrivés à destination, les malades sont transportés dans des ambulances et dirigés vers l'hôpital où ils seront pris en charge.
"En 24h, un TGV peut-être prêt à partir avec les patients"
Le TGV médicalisé, le moyen de transport plus sûr ?
Le train permet non-seulement de relier les différents centres-villes, mais assure des conditions de sécurité optimales pour les patients transportés. "Il y a de la place, ce qui n'est pas forcément le cas dans un hélicoptère ou dans un avion. On peut mettre quatre patients par voiture. Il y a une infirmière par patient et deux médecins par voiture. Et dans un TGV, ils peuvent circuler sans s'entrechoquer et parler sans difficulté", assure le président du Samu Urgence France, ajoutant qu"on peut mettre 24 personnes dans un TGV en une heure, et les sortir en une heure aussi".
En ce qui concerne la médicalisation du train, du personnel procède au retrait de sièges afin de permettre une meilleure circulation des soignants, du matériel et des brancards. "Ce personnel est spécialisé dans le transfert de patients et qui a été formé au transport en TGV", détaille M. Braun. Les patients, qui étaient alors allongés au-dessus des dossiers des sièges, sont maintenant installés plus bas. Les dossiers sont retirés par du personnel de la SNCF. "En 24h, un TGV peut-être prêt à partir avec les patients", explique le président du Samu Urgence France, "encore faut-il qu'on ait les patients et les destinations", précise-t-il. Sans parler de la situation ferroviaire de la France qui n’est, en ce moment, pas celle du premier confinement. Presque aucun train ne circulait alors sur le réseau. Aujourd’hui, la situation n’est pas revenue à celle d’avant la pandémie. Il faudra donc trouver une place sur les voies aux trains médicalisés au milieu des trains de voyageurs et de voyageuses.
Comment se passe le retour des patients ?
Une fois les patients sortis des services de réanimation, c'est via les ARS que s'organise le retour. "On organise le rapatriement avec les Agences régionales de santé. Tout dépend de leur état de santé mais aussi des volontés des patients et de leurs familles (...) quand on transfert des patients, on prend de leurs nouvelles tous les jours pour informer les familles mais aussi anticiper sur leur retour", explique François Braun.