Les usines Renault de Flins et de Choisy-le-Roi menacées

Les sites de Flins-sur-Seine (Yvelines) et de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) sont-ils en danger ? C'est ce qu'affirme le Canard Enchaîné qui a détaillé un vaste plan d'économie de Renault. Des centaines de postes de travail pourraient être concernés. 

Annonce brutale pour les salariés de Renault. "Un vaste plan d'économies 'd'au moins 2 milliards'" va avoir lieu dans le groupe qui "envisage la fermeture de quatre sites en France – dont, à terme, l'emblématique usine de Flins", dévoile le Canard Enchaîné ce mercredi 20 mai. D'après les informations dévoilé par le journal, le site de Choisy-le-Roi risque de fermer.

"C'est la sidération. Mais apprendre cela par voie de presse, c'est monnaie courante chez Renault", déplore Laurent Giblot, délégué central adjoint à la CGT Renault qui affirme qu'il n'existait pas "de signes précurseurs".
 

260 salariés à Choisy-le-Roi

Une annonce qui n'est pas comprise par ce syndicaliste : "Le retour à l'activité est assez important sur Choisy. C'est la colonne vertébrale sur l'aspect vert de Renault. Elle a un vrai rôle à jouer dans le paysage de l'entreprise. Aujourd'hui, hors intérimaires, c'est 260 postes".

Car l'usine possède cinq lignes de production et est spécialisée dans la réparation de moteurs en fin de vie. En 2014, elle avait même reçu "le trophée de l’économie circulaire remis par le Président de l’institut de l’économie circulaire", annonce fièrement le site du groupe.

"C'est une usine qui s'est adaptée et rentre dans la conception que l'on a de la ville durable de demain. Les moteurs sont défectueux quand ils arrivent et ont une deuxième vie quand ils repartent. Il n'y a pas une démarche du tout consommation mais de recyclage", explique Didier Guillaume, maire (PCF) de Choisy-le-Roi.

Lui aussi a appris l'annonce par la presse et s'est dit "indigné". "C'est un choc historique, social et humain. Il s'agit de l'une des dernières usines de la banlieue parisienne de Renault. Ils venaient d'embaucher une quinzaine de jeunes en insertion", a-t-il poursuivi tout en promettant des actions pour la défense du site dans les prochaines semaines si l'annonce était confirmée.

Climat social détérioré

Laurent Giblot veut malgré tout garder espoir. "Aujourd'hui, on ne va pas se fier aux annonces. Il faut vraiment que les dirigeants s'expriment sur le sujet, qu'ils annoncent clairement leur stratégie à venir", déclare-t-il.

Mais une partie du mal est fait. "Une vraie tension existe au sein des équipes, particulièrement à Choisy. Les salariés ne comprennent pas pourquoi une telle décision", raconte le syndicaliste.

D'autant que selon lui, les salariés de la marque au losange ont fait de nombreux sacrifices. "Ils ont fait énormément d'efforts : sur les conditions et le temps de travail. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont menacés. Ceux au chômage technique, pour arriver à 100% de leur salaire, donnent une partie de leurs congés. Mais du côté de la direction, les efforts sont infimes. Clotilde Delbos (directrice générale de Renault SA, ndlr), n'a renoncé qu'à 6% de son salaire", affirme Laurent Giblot.

Et de regretter : "Ils ne font que poursuivre la stratégie de Ghosn : externalisation et financiarisation pour avoir une marge de chiffres. On a proposé un projet qui permettrait de relever les trois défis majeurs : aspect social, sociétal et environnemental. Aujourd'hui, nous ne sommes pas écoutés".
 

Transformation de l'usine de Flins

Créé en 1952, le site de Flins, avec plus de 2 600 employés, serait lui transformé. L'usine est sur la sellette depuis des années. En 2013 elle avait déjà risqué une précédente fermeture. A l'époque un accord de compétitivité avait été signé entre la direction et les syndicats afin d'assurer la survie du site. C'est ici que sont fabriqués 160 000 Zoe et Nissan Micra. Si le plan était avéré, le site pourrait "cesser de produire des véhicules d'ici quelques années", selon une information des Échos.

Jusqu'en 2019, la Clio était produite sur ce territoire des Yvelines, mais elle est désormais fabriquée en Turquie. L'arrêt de la production de ces deux véhicules s'explique car la prochaine génération de voitures électriques de Renault sera produite à Douai (Nord) et la Nissan Micra "se vend mal", détaille le quotidien économique.

Dans un communiqué de presse, Renault affirme juste créer une ligne de fabrication de masques sur le site de Flins dont la production débutera "au mois de juillet prochain. Elle permettra de concevoir jusqu’à 1,5 million de masques de type chirurgical par semaine".

Plan de soutien à l'automobile

"Il ne faut pas se précipiter sur les rumeurs. Il est vrai que le secteur de l'automobile est très frappé par la crise et avait déjà des difficultés avant puisqu'il a engagé un virage vers l'électrique et le véhicule autonome. C'est un secteur qui est en plein bouleversement", a déclaré Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, sur CNews.

"Le gouvernement, notamment Bruno Le Maire, annoncera d'ici une quinzaine de jours un plan de soutien à l'automobile. Dans ce contexte-là, il y a la situation particulière de Renault. Si des décisions devaient être prises, elles seront d'abord annoncées et discutées avec les organisations syndicales qui représentent les salariés. Je crois qu'il faut donner la primauté au dialogue social", a-t-elle poursuivi, rapporte l'AFP.

Une annonce qui tombe au plus mal pour le gouvernement alors que l'État vient de garantir un prêt de 5 milliards d'euros à Renault. L'entreprise prévoit d'annoncer son plan d'économie le 29 mai.

Renault n'a pas donné suite à nos sollicitations.
 
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