Baptiste Vallet et Mickaël Pan : deux entrepreneurs qui allient écoresponsabilité, fabrication française et préservation de l'emploi
C'est une visite immersive qui démarre au son des nombreuses machines à coudre tournant à plein régime. Il est 10h, Baptiste Vallet, entrepreneur trentenaire et fervent défenseur de la production française, ouvre les portes de l'atelier de Bobigny où il a commencé comme apprenti il y a quinze ans :
"C'est avec ces machines qu'en 2020 les ouvriers de l'atelier ont fabriqué des millions de masques distribués gratuitement aux personnels soignants. C'était notre effort de guerre. Mais lorsque les masques asiatiques sont arrivés, il était impensable de mettre tous ces salariés au chômage. Alors, avec Renaud, mon ancien collègue devenu associé, nous avons décidé de créer VADF (Vêtements Accessoires de France) afin de maintenir ces emplois". Précise le cofondateur de l'entreprise de textile.
5 à 8% de croissance par mois
Depuis deux ans, la jeune pousse francilienne affiche entre 5 à 8% de croissance tous les mois. Ses principaux clients : des revendeurs mais aussi des agences de communication qui fournissent vêtements, accessoires et objets personnalisés aux grands groupes pour lesquels ils travaillent. La raison de ce succès tient dans le fait que l'entreprise est l'une des seules en Île-de-France dans le domaine de la personnalisation de produits à destination des professionnels.
"Je suis fier de savoir que mon entreprise contribue fortement à assurer un emploi stable aux 80 salariés de cet atelier. Tous vivent en banlieue parisienne dont trois quarts dans le 93, changer d'atelier aurait été compliqué pour eux", ajoute Baptiste Vallet.
Allier écoresponsabilité, embauches et accessibilité
Cette bonne santé économique a permis l'embauche de 7 personnes et de lancer un projet plus ambitieux : "Navir", une marque de textile destinée aux particuliers certifiée "Origine France Garantie", décernée par un organisme indépendant :
"Ce n'est pas parce qu'on fabrique français que cela doit coûter un bras au consommateur. Nous sommes moins chers d'environ 38% que ce qu'il y a sur le marché et nous y tenons", souligne Baptiste Vallet.
Une différence de prix qui s'explique en partie par une fabrication locale concentrée sur un seul site. L'entreprise vient d'acquérir un nouvel entrepôt de stockage, toujours à Bobigny. Elle compte recruter deux logisticiens et deux alternants.
De Navir à Flotte : la vague du succès
Cette autre entreprise parisienne basée dans le 11ème arrondissement de la capitale, a elle aussi fait le pari de la fabrication française pour dynamiser l'emploi dans le secteur du textile.
Spécialisée dans la confection d'imperméables, Flotte connaît un vif succès depuis son lancement en 2020, en passant de 1 à 13 salariés en seulement trois ans. Des embauches rendues possibles grâce à d'excellents chiffres en 2022 :
"Entre 2021 et 2022, nous avons enregistré une croissance de 153% et nous en prévoyons 110% pour cette année. Nous aimerions embaucher de nouveaux salariés, en particulier sur les postes en logistique mais on peine à trouver des candidats", souligne Mickaël Pan, cofondateur de la marque.
Relocaliser et préserver les savoir-faire
Pour se démarquer de ses concurrents, Mickaël Pan et la cofondatrice Lyly Wu misent sur une stratégie de communication différente. Ils proposent à leurs clients de prendre part à leurs séances photos promotionnelles et conçoivent des collections fabriquées à base de bouteilles plastiques recyclées.
Plus récemment, l'entreprise a relocalisé une partie de la fabrication de ses imperméables en France, dans un atelier situé dans le 12ème arrondissement de Paris.
"Nous avons rapatrié une machine de thermocollage depuis l'étranger car les entreprises qui voulaient collaborer avec nous sur cette collection particulière n'avaient ni la machine ni le savoir-faire. Et celles qui l'avaient ne souhaitaient pas travailler avec nous", constate Mickaël Pan.
Depuis l'acquisition de l'outil de thermo-soudage, l'entrepreneur a tenu à ce que ses collaborateurs parisiens soient formés à la fabrication d'imperméables :
"Cela a un coût bien sûr, fabriquer en France coûte plus cher. Cette production relocalisée sera vendue 249€. Mais en tant qu'entrepreneur j'estime que nous avons un devoir de participer à la préservation de l'emploi à l'échelle locale ou nationale. Nous devons aussi faire perdurer ces savoir-faire sur notre territoire", estime-t-il.
VADF et Flotte espèrent continuer à se développer et devenir des acteurs incontournables du secteur du textile en Île-de-France.