Lors de ses États généraux, le groupe Orpea, empêtré dans un scandale de maltraitance de ses résidents, veut tourner la page de la crise. L'entreprise espère recruter 1600 personnels soignants et promet de revaloriser les salaires.
Après 9 mois de polémiques, Orpea veut résolument tourner la page de la crise. Changement de direction, exercice de transparence, écoute des pensionnaires et de leurs proches : "Je préfère parler du futur que du passé", tente Laurent Guillot, le nouveau directeur général d'Orpea lors d'une conférence de presse intitulée "Restitution de ses États Généraux du Grand Âge".
Le groupe, présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements en France, a été mis en cause dans le livre-enquête "Les Fossoyeurs", publié fin janvier par Victor Castanet. Le journaliste y dénonce une maltraitance des résidents, un usage abusif des fonds publics et des manquements dans la gestion du personnel.
S'en sont suivis de multiples signalements et plaintes, dont une groupée déposée au printemps par des familles de résidents, qui accusent Orpea de "mise en danger de la vie d'autrui" et d'"homicide involontaire".
Difficile recrutement de personnels
Le directeur général d'Orpea, Laurent Guillot, veut ainsi "refonder cette entreprise" selon trois critères : éthique et responsabilité, qualité du soin et de l'accompagnement aux résidents et qualité de vie du personnel.
Seulement, le groupe s'expose à une difficulté importante. S'il veut recruter 1600 personnels soignants en plus dans les prochains mois, il fait face à un métier peu attractif et les candidats ne se bousculent pas pour postuler. "C'est extrêmement difficile de recruter. Mais sur le premier semestre, nous avons déjà recruté, 650 personnes en plus. Nous allons lancer un grand plan de recrutement pour le deuxième semestre l'année prochaine", poursuit le dirigeant. Il affirme aussi vouloir entamer des négociations sur les salaires avec les syndicats.
"On attend des actions"
Du côté des résidents et de leurs familles, l'attente est forte. "C'est bien d'essayer de communiquer, de faire cette transparence. Mais on sait qu'il y a beaucoup de chemin à faire, en termes de personnels, c'est très cruel. Ils n'ont pas de temps de passer avec les résidents, ça va trop vite. On sent que ça va être très long pour s'améliorer", raconte Christiane Mérigaut, proche d'une résidente.
"Ce qui a été dit là, l'a été avec de belles phrases. Maintenant on attend des actions. Pas seulement du groupe Orpea mais aussi des politiques en termes du grand âge", poursuit une autre.
Hausse des signalements de maltraitance
Mi-septembre, la "Fédération 3977", qui gère un numéro d'appel dédié aux maltraitances, a tiré la sonnette d'alarme concernant la situation dans les maisons de retraite : au premier semestre 2022, elle a ouvert plus de 5 000 dossiers pour "maltraitances possibles" sur des adultes, soit une hausse de 24% par rapport au 1er semestre 2021. Et cette hausse "tient exclusivement" aux cas relevés dans des Ehpad, a-t-elle précisé.
Sur le seul premier trimestre 2022, l'augmentation des alertes par rapport à la même période de 2021 pouvait s'expliquer par le scandale Orpea qui a attiré l'attention médiatique sur les Ehpad, mais la tendance s'est maintenue au deuxième trimestre, ce qui "surprend", écrit dans un communiqué la Fédération.
Au final, la hausse des cas signalés "peut aussi bien s'expliquer par celle des situations réelles, que par celle des décisions d'alerter", selon les gestionnaires de la ligne téléphonique.
Suite à cela, le gouvernement a annoncé le lancement de trois missions administratives chargées d'élaborer des pistes pour mieux repérer, quantifier et surtout prévenir les maltraitances contre les personnes âgées ou handicapées, les enfants ou les personnes vulnérables.