Le groupe Orpea est notamment visé par des plaintes pour "mise en danger d'autrui" et "homicide involontaire". Elles concernent une trentaine d'Ehpad, en particulier deux établissements situés à Boulogne-Billancourt et à Neuilly-sur-Seine.
Après une enquête journalistique puis des enquêtes administratives, la justice va se pencher sur le groupe Orpea. Près de 80 plaintes de familles de résidents ont été déposées lundi devant le parquet de Nanterre contre le groupe pour des faits de "mise en danger de la vie d'autrui", de "non-assistance à personne en danger", mais aussi pour "homicide involontaire", "violence par négligences" et pour "vol".
Une trentaine d'Ehpad sont concernés par ces plaintes, surtout l'établissement "Le Corbusier" situé à Boulogne-Billancourt et les "Bords de Seine" à Neuilly-sur-Seine, particulièrement visé par le livre-enquête "Les Fossoyeurs" du journaliste Victor Castanet.
"Il y a une tendance dans les Hauts-de-Seine où il y a plus de plaintes que dans l'ensemble de la France, mais il y a une trentaine d'Ehpad qui sont visés dans l'ensemble de la France. J'ai été contactée par des personnes qui sont hors de l'hexagone. Cela veut dire que c'est quelque chose qui est systémique et qui n'est pas cantonné aux bords de Seine comme Orpea semblait vouloir le dire", a expliqué Sarah Saldmann, avocate des plaignants et interrogée par France Inter.
Déshydratation de certains pensionnaires
A l'appui de ses dires, des photos prises des patients avant puis après l'arrivée de personnes âgées dans ces établissements.
"Ce qui m'a le plus choqué ce sont les photos avant-après que beaucoup de familles ont faites. Elles ont été prises soit le jour de l'arrivée en Ehpad Orpea, soit quelques semaines avant. Trois semaines après, on voit que le regard de la personne est complètement éteint, que les personnes sont rapidement en fauteuil roulant. J'avoue que dans les photos que j'ai vues, il y en a qui m'ont empêché de dormir", a-t-elle indiqué.
Dans les causes du décès, la déshydratation apparaît "souvent" : "Savoir que des gens sont décédés de soif, je trouve ça absolument terrible."
Excuses d'Orpea
Depuis la publication du livre en janvier, l'ARS d'Île-de-France a diligenté 90 inspections au sein des Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes franciliens (Ehpad), l'Île-de-France comptant 707 établissements dont 19% sont publics, 33% privés à but non lucratif et 48 % privés à but lucratif.
Dans un rapport publié mardi dernier, l'ARS a imposé également des mesures à l'Ehpad des "Bords de Seine". Sa direction a reçu l'injonction de réorganiser ses équipes de jour et de nuit, dans un délai de trois mois. Ces directives reposent sur l'observation de dysfonctionnements.
Mardi dernier, le groupe Orpea a assuré qu'il mettrait en place ces changements "dans les meilleurs délais" et a présenté ses "excuses aux résidents et aux familles".
Par ailleurs, suite au rapport d'enquête des Inspections générales des Finances (IGF) et des Affaires sociales (IGAS), le gouvernement a saisi la justice, sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale qui oblige toute autorité à signaler des faits délictueux dont elle aurait connaissance.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a affirmé sur Twitter qu'un premier rapport serait rendu public : "Comme je m’y étais engagé, nous rendons public ce matin le rapport d’inspection sur le groupe Orpea, qui nous a amené à saisir la justice et à exiger le remboursement de financements publics".