Anthony Roux a remporté à 31 ans son premier titre de champion de France, symbole de la force collective de son équipe Groupama-FDJ, qui conserve le maillot bleu-blanc-rouge un an après le deuxième titre d'Arnaud Démare, dimanche à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Chaleureusement félicité sur le podium par son patron d'équipe, Marc Madiot, Anthony Roux a lutté pour ne pas fondre en larmes au moment de la Marseillaise, consécration pour ce trentenaire originaire de Verdun et souvent placé jusqu'à présent.
"C'est celle que je réalise le moins", a réagi le tout nouveau champion de France en conférence de presse, à propos de la folle journée qu'il venait de vivre.
"Je m'étais dit que ma chance était passée, avec des jeunes qui arrivaient derrière. Mais ça m'a aussi plus libéré et mis moins de pression. Ça m'a permis de tenter, de prendre des risques et attaquer. Ça a souri comme ça. Comme quoi il ne faut jamais lâcher le morceau", s'est-il réjoui, alors qu'il avait pris la 3e place en 2009 à Saint-Brieuc et la 2e en 2011 à Boulogne-sur-Mer.
Sur un parcours sélectif qui n'assurait pas un sprint massif à l'arrivée, l'équipe Groupama-FDJ a parfaitement manœuvré tout au long de la journée. Dans la bonne échappée, ils disposaient encore de six des leurs et avaient une dernière gâchette (Démare) dans le peloton en cas de regroupement massif.
"Tous les ans, c'est incroyable. On est de moins en moins de Français, parce que l'on recrute des étrangers. On était un poil moins nombreux mais on a bien maîtrisé la course. On a pu jouer avec les nerfs du peloton", a expliqué Anthony Roux.
Numéro insuffisant d'Alaphilippe
L'animation dans la dernière grosse difficulté est venue de Julian Alaphilippe, parti comme une bille du peloton pour combler un écart de près d'une minute sur Rudy Molard, le coureur de Groupama-FDJ parti en tête à l'approche des dix derniers kilomètres.
"J'ai fait mon ultime effort pour essayer de boucher le trou sur les coureurs qui étaient encore devant. Après, face à des très bons sprinteurs comme Anthony Roux et Anthony Turgis, c'est vrai que ça allait être très difficile", a commenté le coureur Quick-Step, un peu esseulé avec seulement deux coéquipiers face à la quinzaine de FDJ au départ.
"Sprint de fou"
Alaphilippe, vainqueur de la Flèche Wallonne au printemps, s'est retrouvé entouré de Molard et Roux. Il n'avait plus suffisamment de jus pour disputer la victoire finale à Roux et à Turgis (24 ans), revenu dans les trois derniers kilomètres et finalement deuxième.
"Je ne voulais pas lancer trop tôt mon sprint, il y avait du vent de face. Quand Anthony a lancé, ça faisait un gros point d'appui à aller chercher. Après, il y avait encore 200 mètres. C'est un sprint de fou, j'ai pensé à plein de choses", a détaillé Roux.
Pour la FDJ devenue cette année Groupama-FDJ, c'est le sixième titre national sur les sept dernières éditions. "C'est une course d'équipe et une journée très motivante pour l'équipe. Tous les ans, ça nous sourit bien", a souligné le Lorrain.
En revanche, non prévu dans l'équipe pour le Tour de France, il ne pourra pas étrenner son nouveau maillot tricolore sur les routes de juillet, lui qui a servi de coéquipier de luxe pour Thibaut Pinot sur le Giro en mai.
La course, disputée sous une chaleur étouffante et près de 35 degrés, a été aussi marquée dans sa première moitié par la chute de Tony Gallopin, le puncheur de l'équipe AG2R La Mondiale. Plus de peur que de mal, a priori, pour le Francilien, qui devrait tenir son rôle de soutien de Romain Bardet sur le Tour de France, à partir de samedi.