Alors que les élections législatives anticipées sont organisées dans des délais raccourcis suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, de nombreuses communes franciliennes soulignent les difficultés à mobiliser des assesseurs. Comment faire face à la pénurie ?
"Pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet, nous avons besoin de vous", écrit la mairie de Meudon, dans les Hauts-de-Seine, sur sa page Facebook. En vue du scrutin, la Ville a lancé une campagne de communication sur ses réseaux sociaux pour "rechercher des citoyens bénévoles pour être assesseurs". Un rôle "essentiel au bon fonctionnement des élections : s'il manque des assesseurs dans un bureau de vote, il ne peut pas ouvrir", prévient la municipalité.
Contactée, la mairie, qui a publié une annonce sur la plateforme publique JeVeuxAider.gouv.fr pour "faire face au manque d’assesseurs", explique que "les Meudonnais ont répondu à l’appel pour le premier tour". Si la stratégie a fonctionné, reste désormais à "relancer la mission pour le second tour en mettant à jour l’annonce".
Au-delà de la Ville de Meudon et son maire UDI Denis Larghero, de nombreuses municipalités franciliennes doivent redoubler d’efforts pour mobiliser des assesseurs. La mairie de Cergy, dans le Val-d'Oise, a aussi publié un message à la recherche d’"assesseurs bénévoles pour aider à la tenue de ses 35 bureaux de vote".
"Vous êtes disponible 2h, 3h, une demi-journée ou plus ? Inscrivez-vous dès maintenant ! Deux conditions : être de nationalité française et être inscrit sur les listes électorales de la commune", met en avant la Ville, en renvoyant vers un formulaire sur son site.
"La pénurie d’assesseurs, ce n’est ni nouveau ni isolé, à Cergy ou ailleurs, explique Malika Yebdri, la première adjointe PS. C’est une tendance liée plus largement au désengagement. Quand vous regardez les chiffres de la vie associative et le bénévolat, ça devient compliqué de mobiliser, ce n’est un secret pour personne. Je pense que c’est aussi lié aux enjeux du scrutin dédié qui attire plus ou moins les gens, et globalement au désengagement électoral et au niveau d’abstention."
"Moins on est nombreux dans les bureaux de vote, plus les assesseurs doivent être disponibles longtemps"
"Être assesseur, c’est également un peu de travail. Et moins on est nombreux dans les bureaux de vote, plus les assesseurs doivent être disponibles longtemps. A Cergy, on vise quatre assesseurs par bureau, pour permettre des remplacements. Selon la loi, il en faut au moins deux par bureau. C’est aussi une responsabilité, avec des contextes électoraux sensibles pas forcément simples à gérer", raconte l’élue, qui préside un bureau de vote depuis plusieurs années.
"Et faire face au manque d’assesseurs, c’est encore plus compliqué avec ce scrutin qui n’était pas prévu, pour ces législatives anticipées. Il y a aussi les baptêmes, les mariages, les congés… Il faut penser aux services juridiques qui pilotent l'organisation", poursuit Malika Yebdri, qui indique que la mairie "en est à 133 assesseurs mobilisés sur un objectif de 140", sur les deux tours.
"On a toujours un vivier de personnes engagées, détaille la première adjointe. On a déjà remercié les gens qui ont participé aux européennes et discuté avec ceux qui avaient envie de se réinscrire. On a activé nos réseaux : dispositifs de participation citoyenne, journaux municipaux, médias sociaux… On a aussi sollicité le réseau de parents d’élèves, on n’y avait jamais pensé avant. C’est un vrai levier. Et globalement, on a des jeunes dans nos bureaux de vote, mais il y a beaucoup de personnes d’un certain âge."
Malika Yebdri rappelle l’importance du rôle des assesseurs : "Ils veillent à la bonne conformité et au bon déroulement du scrutin. Il faut contrôler l’identité des électeurs et vérifier l’inscription sur les listes, les orienter vers les isoloirs et les urnes, et constater le vote par une signature." Elle précise que "les candidats et les listes peuvent également missionner des assesseurs".
🔴[COMMUNIQUE DE PRESSE]
— AMF | Association des maires de France (@l_amf) June 10, 2024
L'AMF alerte sur les difficultés d'organisation des scrutins législatifs du 30 juin et 7 juillet
Sans méconnaître la légitimité des prérogatives constitutionnelles du Président de la République, l'AMF regrette que, ni les modalités pratiques de mise en… pic.twitter.com/tHV9brXuwR
Suite à l’annonce de ces législatives anticipées, l’Association des maires de France (AMF) avait publié un communiqué pour alerter sur les difficultés liées à l’organisation du scrutin. L’AMF avait ainsi pointé du doigt un "délai inédit" avec "une charge importante pour les communes", et un "désengagement massif des candidats et des partis politiques à proposer des personnes bénévoles" pour trouver des assesseurs.