Dans son podcast "Être Flic", Guillaume Olivès interroge des policiers sur leur quotidien. Au fil des épisodes, ce gardien de la paix qui exerce dans le Val-d'Oise évoque des thèmes très divers comme la dépression ou le handicap dans la police. Une façon selon lui de montrer la face cachée d'un métier, actuellement sous le feu des critiques.
"Un flic qui parle aux flics". Voilà comment se définit Guillaume Olivès. La nuit, il est policier à Sarcelles dans le Val-d'Oise. La journée, il enregistre son podcast. "Être Flic". Le concept : "faire découvrir l'histoire intime des policiers que vous croisez en bas de chez vous", explique le fondateur de l'émission. À chaque épisode, ce policier de métier interroge un de ses collègues sur son quotidien au sein des forces de l'ordre. "J'ai voulu montrer ce que les gens qui ne sont pas dans la police ne voient pas. Notre métier, comme tous les autres, est fait de moments de vie et de partage. Lorsqu'une personne rencontre un policier, c'est souvent dans un contexte négatif. Pour un contrôle par exemple. Je voulais casser cette image."
Un podcast où les policiers racontent leur quotidien
C'est pendant sa convalescence suite à un accident de moto que l'idée d'un podcast dédié à la police germe dans sa tête. "On m'a diagnostiqué plusieurs fractures des membres inférieurs, je me suis retrouvé dans un fauteuil roulant et il m'était impossible de travailler", se remémore-t-il. "Je me suis mis à consommer beaucoup de podcasts à cette période. Je me suis rendu compte qu'il n'y en avait aucun dans lequel des policiers racontaient leur histoire et leur quotidien. On entendait d'autres professions le faire, mais jamais la police ", raconte ce gardien de la paix de 33 ans. Cette période lui permet aussi de réaliser que "même au sein de notre équipe, parmi nos collègues, on ne connaît pas forcément les histoires des uns et des autres. On est pris par le quotidien et on a rarement le temps d'échanger."
Avec son concept, il tente de "montrer ce qui se cache derrière l'uniforme. S'intéresser à "l'être humain et pas seulement au policier". Le premier opus est mis en ligne le 3 janvier dernier et son émission compte 8 épisodes aujourd'hui.
Chaque enregistrement donne la parole à un de ses collègues sur un sujet précis, comme la dépression ou le handicap dans la profession.
"Le fait de parler de ces problèmes au micro peut servir de thérapie pour certains. C'est également une façon de montrer que notre métier est soumis à des contraintes psychologiques importantes. La dépression et le burn-out sont pris de plus en plus au sérieux, car un policier qui n'est pas bien dans sa tête ne pourra pas 'policer' correctement", indique-t-il. "C'est important que ces sujets soient mis sur la table et puissent être débattus", conclut-il.
Parler à d'autres corps de métier
À travers ces entrevues, il entend toucher un public plus large que les seuls membres de sa profession. "Bien sûr, c'est d'abord un podcast qui s'adresse aux policiers, mais je veux aussi attirer des auditeurs issus d'autres corps de métier". Pour cela, il souhaite donner "une autre représentation de notre métier. Montrer qu'on est comme tout le monde. Qu'on a nos joies et nos peines". Faire découvrir l'univers de la police "à des personnes qui n'ont aucun lien" avec elle, voici le credo de ce podcasteur.
Grâce à ses émissions, il entend montrer que "ce n'est pas parce qu'on est policier que nous vivons dans une bulle. Nous partageons les mêmes espaces que tout le monde et ce sont ces histoires de notre quotidien que mes invités racontent."
Il espère enclencher prochainement une saison 2 du podcast afin de continuer de raconter le quotidien de ses collègues. À travers ces partages de tranches de vie, il entend rapprocher policiers et auditeurs afin de montrer que "peu importe que vous soyez civil ou policier, on a tous le même but. C'est que tout le monde puisse se sentir en sécurité au quotidien".
Alors que le maintien de l'ordre lors des manifestations contre la réforme des retraites est sous le feu des critiques, il espère que son émission aura une résonance positive et permettra de renouer "les liens entre la police et la population".
Le podcast est disponible sur toutes les plateformes dédiées en ligne. Retrouvez tous les épisodes ici