La jeune femme a été jugée coupable d'avoir tué son nouveau-né en 2021 en le jetant par la fenêtre. Elle a été condamnée ce vendredi à sept ans de prison.
Jugée à Pontoise (Val-d’Oise), une femme de 21 ans a été condamnée ce vendredi à sept ans d'emprisonnement pour avoir jeté son nouveau-né par la fenêtre. Une décision qui survient au terme d'un procès où la question du déni de grossesse a été longuement débattue. "Même si l'enfant a pu, selon vos dires, ne pas manifester de signe de vie, le fait que vous l'ayez jeté tout de suite par le balcon après avoir coupé le cordon ombilical, sans d'autres vérifications, démontre que vous aviez l'intention de vous en débarrasser, de lui donner la mort", a expliqué le président de la cour d'assises du Val-d'Oise, Arnaud Desgranges.
Dans le box, Emma B. est restée stoïque à l'annonce de sa peine de sept ans. "Je trouve que c'est une peine sévère pour cette jeune fille qui a fait deux ans et demi de détention provisoire", a réagi son avocate, Azia Mumtaz Taj. "Elle a suffisamment été punie pour ça", a-t-elle ajouté, précisant qu'elle n'allait pas interjeter appel.
La peine est deux fois inférieure aux réquisitions de l'avocate générale, qui avait fustigé vendredi matin "un geste éminemment violent" qui "n'est pas accidentel". Elle avait ainsi requis 14 années de réclusion criminelle.
Les faits remontent au 21 février 2021. Alors âgée de 19 ans, Emma B., alternante en comptabilité, accouche seule dans sa chambre. Sa famille n'est au courant ni de sa relation amoureuse de trois ans, ni de sa grossesse. Le bébé sort rapidement. "Au moment où j'ai accouché, quand j'ai vu qu'il ne respirait pas, ne bougeait pas, pour moi dans ma tête il était déjà mort", a-t-elle affirmé devant la cour jeudi. "J'arrive pas à accepter le fait que ce soit moi qui lui ai donné la mort", a-t-elle ajouté.
Le bébé, retrouvé nu et recouvert de terre à quelques mètres du mur de l'immeuble, est né à environ huit mois de grossesse, viable. De l'air retrouvé dans ses poumons prouve qu'il avait respiré. La chute du sixième étage a provoqué un traumatisme cranio-encéphalique sévère, à l'origine du décès.
"Une situation de déni de grossesse" jusqu'à la veille des faits
Selon le Dr Roland Coutanceau, expert psychiatre, Emma B. vivait une "grossesse non verbalisée, non médicalisée et surtout non investie psychiquement", caractéristique d'un déni de grossesse, bien que le terme lui semble trop flou. Sa grossesse lui avait été officiellement annoncée la veille des faits et avait incorrectement été estimée à cinq mois lors d'une échographie dans une clinique.
La jeune femme était "effectivement dans une situation de déni de grossesse et enfermée dans ce déni, ceci jusqu'au 20 février", a indiqué le président de la cour. "Vous avez pu être surprise le dimanche quand l'accouchement a commencé", a-t-il déclaré.
Dans sa plaidoirie, Me Azia Mumtaz Taj avait dénoncé le manque d'accompagnement par le personnel médical suite à l'annonce officielle de la grossesse. Emma B., une "jeune fille sans histoire", plongée d'un coup dans "un chaos psychique", a été "abandonnée dans la nature", a déploré l’avocate. Perdant énormément de sang à la suite de l'accouchement, elle a dû être opérée en urgence et transfusée.
Le jeune femme est la fille aînée d'une assistante maternelle et d'un reprographe originaires de Pondichéry en Inde, attachés à la foi catholique et au fait d'attendre le mariage pour commencer une vie sexuelle. Emma B. n'avait pas parlé à ses parents de son petit ami. Présentés par l'entourage comme ouverts d'esprit et bienveillants, ceux-ci ont assuré à la barre qu'ils l'auraient accompagnée dans sa grossesse. Même si elle ne prenait pas de moyens de contraception, la jeune femme, focalisée sur ses études, ne souhaitait pas tomber enceinte.
La cour a retenu la personnalité de l'accusée pour déterminer la peine. La jeune femme n’avait jamais été condamnée, est insérée socialement et ne représente pas de danger pour la société selon les experts psychiatres.