Une entreprise spécialisée dans la fabrication de textiles pour l'aéronautique basée à Sarcelles dans le Val d'Oise a reconverti sa production pour fabriquer des blouses destinées aux personnels soignants.
Tout est allé très vite. Quand Nadège Cassé, dirigeante de la société MB&A à Sarcelles (Val d'Oise) entend dire que les hôpitaux manquent de tout, elle se dit qu'elle a son rôle à jouer. "Mardi dernier, on a fait les gabarits des blouses. Le jeudi on a reçu la matière première et vendredi on faisait déjà les 100 premières blouses", raconte-t-elle.
Il faut dire que son entreprise, spécialisée dans la confection de textiles pour l'aéronautique, a des atouts en main. Venant du secteur de l'habillement, elle n'a pas peur de se lancer dans ce projet, "j'ai répondu présente en me disant que je voulais aider, j'ai dû aller trop vite", concède la cheffe d'entreprise.
Des coûts à sa charge
Car cet élan de solidarité n'est pas indolore pour sa société. Après avoir livré 350 pièces, c'est elle qui continue à avancer les fonds, à hauteur de plusieurs milliers d'euros. "On a commandé plus de 10 000 mètres de tissu, cela prend de grandes proportions. Si j'offre une partie de mon personnel et de mes moyens, je garde un coût de production".Car le secteur dans lequel elle travaille est en crise profonde. La plupart des vols étant à l'arrêt, le carnet de commande s'est bien aminci indique Nadège Cassé. "J'ai encore 10 jours de boulot, ensuite c'est le chômage partiel. On ne sait pas où on va car on ne sait pas combien de temps cela va durer."
Un réseau de bénévoles
Cette femme d'affaires ne travaille pas seule, elle s'est inscrite dans le réseau des "Blouses pour l'hôpital". Ce dernier regroupe actuellement plus de 250 couturières bénévoles et a récolté la somme de 13 500 euros.Le collectif centralise les demandes et distribue les blouses à un centre Covid-19 qui les répartit ensuite aux hôpitaux de la région. Désormais, ce sont des centaines de blouses qui sont produites chaque jour.
"Pour coudre une blouse, quand on est une professionnelle de la couture avec des machines, on met 15 minutes. Mon épouse a donc eu l'idée de faire appel à un club de couture car une de nos salariés en fait partie. Tout de suite, il y a eu beaucoup d'engouement. Ensuite, le bouche-à-oreille a fonctionné à merveille", raconte Matthieu Reumaux, chef d'entreprise dans le Val d'Oise à l'origine de ce collectif.Les couturières bénévoles reçoivent la matière première avec les pièces prédécoupées, les patrons, et des ensembles "prêts à coudre" avec du fil, un tuto vidéo pour démarrer ainsi que des conseils via un groupe WhatsApp.
Le réseau ne compte pas s'arrêter là. Il a professionnalisé le recrutement de couturières bénévoles et espère récolter plus de fond pour acheter plus de matière première afin d'aider les personnels soignants.