Une centaine de personnes mobilisées ce samedi pour dénoncer l’arrachage de 48 arbres centenaires à L’Haÿ-les-Roses

Collectifs, citoyens et associations se sont réunis ce matin pour témoigner de leur colère envers la décision du maire. Celui-ci porte un projet immobilier contesté par l’opposition en raison des dangers qu’il pourrait représenter pour la Roseraie de la commune.

Ils étaient entre 150 et 200 ce matin devant l’entrée du parc de la Roseraie à crier leur colère. Leur colère contre le maire de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, Vincent Jeanbrun (Libres), qui a fait abattre 48 arbres du square Allende afin de permettre la construction d’un nouveau complexe immobilier.

"Il y a eu un véritable passage en force. C’est une action anti-démocratique", avance Sophian Moualhi, membre du groupe citoyen d’opposition L’hayencommun au conseil municipal. Car le projet lancé en 2014 suscite la polémique, et l’inquiétudes des habitants, en raison notamment du danger qu’il pourrait représenter pour le parc de la Roseraie.

On est venu montrer qu’on ne baisse pas les bras. C’est une manœuvre d’intimidation de la part du maire. On ne se laisse pas résigner par cette politique de terres brûlées.

Valérie Luquet, conseillère municipale, groupe L’hayencommun

Dans le détail, le plan "Cœur de Ville" entend créer de nouveaux logements, une place aménagée de 5 000 m2, une salle polyvalente de 365m2, 100 nouvelles places de parking publiques, mais aussi de planter 155 arbres et développer une zone commerciale de 2 000 m2. Contactés, les services de la mairie, fermés ce samedi, n’ont pu répondre à nos sollicitations.

Le 5 décembre dernier, le projet de restructuration du centre-ville a été intégré au programme "100 quartiers innovants et écologiques" lancés par la Région Ile-de-France. Dans ce cadre, la mairie a reçu 4 millions de subvention.

Sauf que de nombreux collectifs citoyens et associations se sont levés contre le projet et ont intenté des actions en justice. "Ce projet est basé sur une série de mensonges, affirme Yves Burnod, membre de l’ALUDHAY, l’atelier local d’urbanisme et développement à L’Hay-les-Roses. On ne trouve que 34 places de parking sur le permis de construire. La place pavée ne fait que 3 000 m2, et vient à la place d’un square de 7 000 m2. Quant aux arbres, ce n’est pas en un jour que l’on va retrouver des arbres centenaires".

Réunis ce matin à partir de 11 heures, les défenseurs du square Allende ont contesté les méthodes de Vincent Jeanbrun qui a acté la destruction des 48 arbres sans attendre la fin des instructions judiciaires. L’arrêté communal affiché le 7 décembre, jour des faits, faisait en outre état d’une procédure d’élagage des arbres, et non d’arrachage.

L’abatage des arbres s’est fait en catimini. La mairie a prétendu que c’était un élagage pour éviter que les gens ne se mobilisent.

Yves Burnod, membre de l’ALUDHAY

"On ne pensait pas qu’il ferait quelque chose comme ça et agirait avant la fin des recours. On est vraiment choqués en tant qu’élus. Le maire fait des choses dissimulées. Et le pire, c’est qu’on n’est même pas sur que le projet aille jusqu’à son terme", dénonce Valérie Luquet, membre du conseil municipal.

Un recours avait ainsi été déposé plus tôt dans l’année au tribunal administratif de Melun. Recours rejeté en septembre par la cour d’appel du tribunal administratif de Paris malgré le montage par les associations d’un dossier de 200 pages mentionnant 60 irrégularités. Mais un autre recours a été déposé, auprès du Conseil d’État cette fois. Ce dernier doit ainsi se prononcer sur la légalité du permis de construire. Plusieurs autres actions sont aussi en cours à l’encontre du projet, notamment pour faire annuler le déclassement du square Allende.

Mais le rassemblement organisé ce samedi matin n’était pas moins l’occasion de faire la démonstration de l’attachement des habitants de la commune au square et au parc de la Roseraie. "Le but c’était de se rassembler pour évoquer ensemble notre tristesse et notre colère. C’est le cœur historique de la commune. On a eu du monde qui est venu malgré la période actuelle et les circonstances", salue Sophian Moualhi.

Une roseraie récompensée par le Garden Awards of Excellence en 2000

Car les arbres arrachés formaient une barrière naturelle, protégeant les quelques 3 000 espèces de roses composant le parc de la Roseraie, créé en 1896 par Jules Gravereaux. Aujourd’hui, les espèces sont soumises aux dangers des vents d’hiver venant du Nord et de l’Est

"Dès la conception de la Roseraie, le square a été le bouclier de la Roseraie. Sans ces arbres, c’est une catastrophe. C’est d’abord une dégradation de la Roseraie. Et c’est aussi la perte de 48 arbres centenaires", explique Yves Burnod de l’association ALUDHAY.

Le maire redynamite plus qu’il ne redynamise.

Sophian Moualhi, membre du conseil municipal, groupe L’hayencommun

Des acteurs du Groupe National de Surveillance des arbres (GNSA) étaient également présents ce matin, et sont engagés dans la lutte pour l’annulation du projet immobilier. "Il y a encore des arbres à sauver. L’arbre est très peu défendu. Malheureusement, il est n’est pas considéré comme un bien et un être vivant. C’est une pratique assez habituelle des élus qui ont l’impression que l’arbre est juste un poteau qu’il faut déplacer", accuse Angela Avan, membre du conseil d’administration collégial.

Et à la portée écologique et urbaine, s’ajoute la notion économique. Car les élus d’opposition contestent également le montage financier du plan "Cœur de Ville" : "L’enjeu, c’est l’estimation de la valeur du terrain. Le maire construit un projet avec des valeurs qui sous-estiment le prix du terrain. La ville va même devoir apporter une contribution financière à l’entrepreneur, alors que ça aurait dû être l’inverse. C’est une opération mal-ficelée", avance Sophian Moualhi.

Les élus, associations et collectifs citoyens devraient donc poursuivre leurs combats contre le projet immobilier du maire. Ils devraient se retrouver chaque samedi devant le parc de la Roseraie, pour continuer à informer les habitants et obtenir des fonds pour financer leurs actions en justice.

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