Plus de 300 personnes avaient participé à une fête clandestine dans un loft de Joinville-le-Pont dans le Val-de-Marne. Les policiers étaient intervenus en utilisant des grenades de désencerclement. Lors de cette intervention, un jeune homme avait perdu un œil, il a porté plainte.
Cet étudiant parisien n'oubliera jamais cette nuit du 13 novembre dernier. A 20 ans, il a perdu définitivement son œil droit. Dans un loft de Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, il est invité par deux amis pour une soirée clandestine. 150 personnes s'y retrouvent selon Mohammed, plus du double selon les policiers qui sont appelés à 2h du matin pour tapage nocturne et une rixe à l'intérieur. Les videurs les laissent entrer et les policiers font usage de grenades de désencerclement.
"Elle est arrivée et elle explose dans mon nez. J'entends déjà le bruit d'une première grenade", explique le jeune homme. Il a l'œil en sang mais parvient à sortir de l'appartement.
Il demande de l'aide, en vain. "Je vais voir un policier pour lui dire : 'Monsieur, est-ce que vous pouvez appeler les pompiers ?' Il me regarde et me dit : 'Non, tu te démerdes. De toute façon il te reste un autre œil'". C'est donc un de ses amis qui appelle les pompiers.
Hospitalisé, Mohammed apprend que son œil droit est condamné. Il doit être opéré dans la nuit pour sauver l'autre. "Rien ne me le rendra. J'attends que le policier soit reconnu coupable, qu'il présente des excuses aussi. C'est très important", poursuit-il.
Enquête de l'IGPN
Il porte plainte pour violences volontaires, en réunion et par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage d'armes. Que cela se passe dans une soirée clandestine ne change rien selon ses avocats.
"Le caractère illégale de la soirée devait tomber sous le coup d'une simple contravention de 135 euros", explique ainsi Me Jean-Elie Drai, avocat de Mohamed O.
Les policiers reconnaissent l'usage de grenades de désencerclement après avoir été pris pour cible dans le loft.
"Ils sont arrivés sur place et ont été directement pris à partie. Ils ont peu de temps pour réagir et le seul moyen qu'ils ont trouvé pour que leur intégrité ne soit pas remise en cause plus que ça, c'est qu'ils ont fait usage des armes intermédiaires", affirme Reda Belhaj, secrétaire départemental Unité SGP Police Val-de-Marne.
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête confiée à l'IGPN.